Ca y est, c’est officiel, la majorité présidentielle se fait dessus! Je ne parle pas seulement des sénateurs qui coincent leur gérontocratique bulle en rêvant sans trop y croire de mourir comme Félix Faure en attendant l’heure de la soupe, ni des anciens présidents cacochymes qui montrent des signes d’anosognosie à la simple vue d’une robe d’hermine (alors que n’importe quel médecin compétent vous attestera que l’amnésie touche tous les présidents de la République, qui sitôt élus oublient leurs promesses de campagne). Cette fois, c’est bien tout le paquebot sarkozyste qui menace de couler corps et biens, même en exhibant une solidarité de façade à peu près aussi que crédible que l’appartenance de Manuel Valls à la gauche.
Les Marseillais, en plus de bénéficier à longueur d’année de l’inénarrable prose de Didier Deschamps, ont donc eu l’honneur et l’avantage de recevoir l’université d’été de l’UMP, qui en général est aussi une belle occasion de fous rires, rien que pour le plaisir de voir les Jeunes Populaires, dont on se demande toujours ce qu’ils ont de jeune et de populaire. Le premier à avoir lancé un pavé, geste si peu de droite, dans le nauséabond marécage de l’unité pour la réélection de Sarkozy où veille patiemment le crocodile du Front National, est justement un sénateur, qui a profité de sa minute de lucidité quotidienne pour s’insurger du procès inique faits au parcs d’attractions. Jean-Pierre Raffarin, le poète et le maître de l’aphorisme tortueux de Chasseneuil du Poitou, nous a fait un crottin de Chabichou nerveux tant il craignait que son Futuroscope déjà abreuvé de subventions publiques ne devienne un vestige, ce qui eut été un comble en terme de futurisme. Cela peut sembler être un combat dérisoire, et même si le fan de Johnny (mais l’est-il encore avec cette mystérieuse teinture noire corbeau qu’arbore le rocker suisse?) s’est vite calmé après une amicale tape sur la bosse, cela prouve qu’on peut faire gober pas mal de couleuvres aux élus de droite qui commencent à avoir des écailles à force d’en ingurgiter, mais qu’à l’approche de l’échéance de 2012, l’UMP n’est plus aussi monolithique qu’il ne le fut aux temps bénis du Fouquet’s et du bouclier fiscal, à tel point que Fillon a été l’homme le plus applaudi des festivités. On imagine la rage qui a dû s’emparer de notre irrascible premier magistrat, et l’humiliation qu’il a dû ressentir en voyant son laquais à la triste figure plus plébiscité que lui-même. Et ça n’a pas du s’améliorer après que M. Marleix a traité Jean-Vincent Placé de « Coréen national », ajoutant une ligne à la longue liste des scabreuses auvergnateries dont sont coutumiers ces goujats, et nous obligeant à un calembour idiot qui suppute qu’il doit abuser de substances chères au chanteur dont il est l’homonyme.
Fort heureusement, la toujours somptueuse Carlita avait rendez-vous avec les télespectateurs, pour nous parler de l’évolution du don de son corps à la République, dont l’expérience ne saurait être de trop tant il a déjà beaucoup oeuvré dans le privé. Seul l’émoi dont je suis l’objet depuis ce matin où j’ai gouté au charme attendri des jeunes mamans emmenant leurs rejetons à l’école maternelle qui jouxte mon logis, toutes plus fraîches et plus disponibles les unes que les autres, seul cet émoi disais-je donc m’empêche de croire que l’utérus de la première Dame de France a pris sa carte à l’UMP et essaie de faire du service après-vente pour masquer le relatif échec de l’université d’été du parti du mari de sa propriétaire. D’ailleurs, Mme Bruni-Sarkozy l’a affirmé, elle ne montrera jamais de photos de cet enfant. Ce doit être un cruel sacrifice et un véritable crève-coeur pour une mère ancien mannequin et pour un père déterminé à voir sa trogne sur le moindre support, de cacher le fruit de ses amours à la mesquinerie de la presse people, mais les gens sont mauvais et refusent de croire encore à l’intégrité et en la pudeur qui est l’honneur du couple d’amoureux de notre République qui est bien mauvaise fille. C’est bien pour ça que l’interview était diffusée sur TF1, qui tout à sa mission de service public n’a pas encore jugé bon de diffuser les échographies en bonus de l’interview. Carla, sachez que nous ne mangeons pas de ce pain-là depuis que la grâce de la maternité nous a touché, et que nous savons que le fruit de vos entrailles réunira la beauté de son père et l’intelligence de sa mère.
Dans un prochain épisode, nous vous donnerons la recette du farci à l’oseille autour d’une bouteille de cognac millésimé, spécialités picto-charentaises autrement plus appétissantes que le pâté de Raffarin ou l’andouillette sauce Royal.