Un déluge de mauvaises nouvelles !

06-17-Temps pourri

– Devezh mat, Metz, mont a ra ? Bonsoir, madame Kervella.

– Bonsoir, professeur ! Ben dites, vous avez l’air vachement énervé !

– Ben il y a de quoi ! Putain, quelle journée de merde !

– Oui, c’est vrai, qu’il fait un temps abominable, on a à peine le temps d’avoir chaud que l’orage arrive de plus belle, il y a même des régions où c’est tellement fort que…

– IL S’AGIT BIEN DE ÇA !

– Hé, ho, un ton en dessous, hein ! Qu’est-ce qui vous énerve à ce point, si ce n’est pas le temps, alors ?

– Tout ! Et pour commencer, les législatives partielles du Lot-et-Garonne : les assassins de Clément Méric sont au second tour ! Vive la France !

– Vous caricaturez, le FN n’a rien à voir avec les skins des JNR…

– C’est ce que raconte la chienne de Buchenwald pour s’acheter une honorabilité, mais il ne se passe pas un jour sans que circule un document la montrant clairement cul et chemise brune avec ces cinglés ! Voilà les Français : ils pleurent un jeune homme parce qu’on le leur a dit à la télé, mais ils cautionnent quand même les idées de ceux qui l’ont tué !

– Comme vous y allez ! N’insultez pas les gens, tout ça, c’est la faute de Cahuzac, après tout !

– Ah bon ? C’est Cahuzac qui a rempli les urnes de bulletins Front National, c’est ça ?

– Non, mais c’est à cause de lui que ces législatives ont eu lieu…

– Et alors ? Ce sont les électeurs qui décident au final, oui ou non ? Ce sont bien eux qui ont mis dans l’urne le bulletin aux couleurs du FN ! Mais, ça, c’est très français, de ne jamais vouloir admettre ses responsabilités ! Heureusement que les hommes politiques sont si mauvais, sinon qui les Français prendraient-ils comme boucs émissaires à qui renvoyer la responsabilité du vote néo-fasciste ? « On vote comme des cons, on vote pour ceux qui vont nous faire la peau, mais c’est pas notre faute, c’est celle des politiciens ! » Un peu facile, ça !

– Mais il faut les comprendre, les gens, ils désespèrent, ils aspirent au changement…

– Ah oui, je sais bien qu’ils aspirent au changement ! Et ils peuvent compter sur le FN pour ça ! Ça va changer, oui ! En pire ! Car s’il y a bien un parti hostile aux droits des travailleurs, prêt à sacrifier toute protection sociale, à museler les syndicats et à donner au patron droit de vie et de mort sur l’employé, c’est bien le Front National ! Il suffit de lire son programme pour s’en convaincre !

– Hein ? Mais pourquoi on ne nous dit jamais ça ? Pourquoi personne ne contredit Marine Le Pen quand elle se présente comme la seule candidate opposé au système ?

– Cette bonne blague ! Mais parce que le système a tout intérêt à la laisser progresser ! Les médias sont tenus par les gros capitalistes qui savent pertinemment que l’extrême-droite ne risque absolument pas de les gêner si elle arrive au pouvoir ! Et les bonnes gens de France, fidèle à leur esprit moutonnier, gobent sans broncher la propagande de l’héritière du borgne : ils reprochent au PS d’être trop gentil avec les patrons et ils se tournent vers un parti qui défendra bec et ongle et sans aucun état d’âme la cause des patrons ! Ils votent Pinochet en espérant qu’il appliquera les idées d’Allende !

– Vous avez de ces mots ! Vous ne pouvez quand même pas dire que les socialistes ne font pas tout ce qu’il faut pour arranger le patronat…

– J’avais remarqué, merci ! Hollande défend à tout crin une réforme des retraites grâce à laquelle on touchera la retraite à la fosse commune, qui plus est dans une émission de télé réputée pour être un moulin à propagande libérale, l’ANI porte déjà ses fruits puisque la Fnac compte s’en servir pour licencier en masse, et au lieu de reconnaître leurs erreurs, les socialistes préfèrent faire porter le chapeau de leur débâcle dans l’ancien fief de Cahuzac aux écologistes qui rivalisent pourtant d’insignifiance dans le débat public depuis les dernières présidentielles ! Depuis l’année dernière, les socialos ont une occasion en or d’éviter à l’histoire de prendre un tournant abominable et ils la ratent complètement ! En clair, nous sommes cernés entre un peuple de moutons qui saisit l’incurie du gouvernement comme argument pour justifier un vote dangereux et un gouvernement qui fournit des arguments en or à ces cons-là !

– Calmez-vous, professeur !

– Me calmer ? Alors que dans quatre ans, je risque d’être raflé en même temps que tous les autres créateurs de gauche ? Mais il est où, le peuple de 1936 qui a su saisir l’appel d’air fourni par le Front populaire ?

– Purée, c’est l’orage qui vous rend nerveux comme ça ?

– …

– Professeur ?

– Mettez-moi un petit blanc, s’il vous plaît… Kenavo, les aminches !

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