Le journal du professeur Blequin (63)

Dessin réalisé suite à la mort de Rémi Fraisse, tué par une grenade lancée par un gendarme.

Lundi 26 mars

12h30 : L’attentat de Trèbes continue à susciter des commentaires divers et variés. On ne manque pas de rendre hommage au gendarme qui a payé de sa vie son intervention dans ce drame et je reconnais bien là la versatilité des foules et des médias : il y a quatre ans, à Sivens, quand ils ont tué Rémi Fraisse, les gendarmes étaient des assassins, et aujourd’hui, ce sont des héros ! Pour une fois qu’il n’y a pas que les civils qui se font tuer par les terroristes ! Pour ma part, je ne crois pas aux héros : se faire tuer fait partie des risques du métier pour les gendarmes et s’il n’y en avait pas un de temps en temps qui y passait, comment ces braves pandores pourraient-ils justifier leurs primes de risque ? Certainement pas en mettant des prunes aux automobilistes… Attention, ne me faite pas dire ce que je n’ai pas dit : je ne souhaite jamais la mort des gens, pas même celle d’un gendarme, mais qu’on ne me dise pas que l’un d’eux est un héros sous prétexte qu’il s’est fait tuer : ce n’est pas un héros, c’est juste une victime de plus de la connerie humaine, laquelle s’est manifestée sous sa forme la plus sanguinaire, celle du terrorisme. Bref, j’espère deux choses : que l’antiterrorisme tire les enseignements de ce drame et que l’émotion retombe vite afin que je puisse à nouveau laisser libre cours, sans risquer de me faire lyncher, à ma détestation de ce qu’est un gendarme en état de marche.

16h15 : Je quitte un quartier de la rive droite de Brest où je m’étais rendu pour régler une formalité liée à un projet d’exposition : le bus interrompt sa route à un arrêt, ce qui est normal, mais ne redémarre pas, ce qui est déjà plus inattendu. La cause ? Un problème technique lié à je ne sais quoi : j’ai vu le conducteur manipuler vaguement la roue mais je n’ai pas du tout compris de quoi il choisissait exactement. Le plus curieux, c’est que le chauffeur a redémarré aussitôt après avoir dit aux passagers de descendre… Alors, le bus pouvait rouler, oui ou merde ? Ou bien il se passe des choses que je ne comprends pas, ou bien on se paie ma tête ! Je suis resté totalement étranger à la grève nationale des transports mais je ne reste pas étranger au foutage de gueule !

Mardi 27 mars

10h30 : Cherchant des informations sur Mai 68 à Brest, je feuillette Brest l’insoumise, la somme due à la main experte de mon concitoyen Roger Faligot. Je n’y trouve qu’assez peu de renseignements précis, ce qui ne m’étonne pas outre mesure, étant donné que les évènement brestois n’ont eu aucune commune mesure avec ceux de Nantes et, a fortiori, ceux de Paris. Mais j’ai tout de même été plus surpris d’apprendre que le maire de l’époque, le chrétien-démocrate Georges Lombard (un homme de droite, n’ayons pas peur des mots), soutenait la grève générale et battit le pavé avec les manifestants du 8 mai ! Plus étonnant, j’y ai découvert qu’ en tant qu’avocat,il sauva la tête d’un homme qui avait tué sa femme (de quoi faire hurler les détracteurs de Bertrand Cantat) en faisant la procès de ce dernier, le tout en 1964, soit quatorze ans avant la fameuse affaire Patrick Henry ! Brest a donc au pour maire un précurseur de Robert Badinter ! Plus fort, il a osé braver l’Etat qui ne voyait d’avenir à Brest que dans les activités militaires : à cette époque où le pouvoir était entre les mains du Général De Gaulle, c’était gonflé ! On a beaucoup critiqué la reconstruction de Brest, avec toutes ses barres d’immeubles qui sont sorties de terre, mais si la ville n’avait pas pris le parti, à l’époque, de s’intégrer dans le paysage urbain qui commençait à être celui de la France des années 1960, qui nous dit que cette grande salope d’armée n’aurait pas viré tous les civils qui habitaient encore en baraque afin d’être sûre d’être seule maîtresse sur ce territoire où elle persiste d’ailleurs, encore aujourd’hui, à se croire en pays conquis ? Conclusion : s’il y avait plus d’élus, toutes chapelles confondues, comme Georges Lombard, il y aurait sûrement moins de gens dégoûtés par la politique…

One thought on “Le journal du professeur Blequin (63)

  1. Le geste de ce gendarme est beau Le geste de ses supérieurs est minable La vie de ce gendarme contre 1 vie Donc la vie n à pas bcp de valeur 1 gendarme 20 otages libérés La LA VIE AURAIT EU DE L IMPORTANCE PAUVRE GENDARME! cheap viagra

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