Le journal du professeur Blequin (46) Montagne russes

Le livre en question. Vous avez jusqu’au 31 mai pour vous le procurer en librairie ou le commander directement à l’éditeur à l’adresse la-gidouille@orange.fr Passée cette date, l’éditeur aura mis la clé sous la porte ! Sad ending, isn’t it ?

Dimanche 19 janvier

21h : On dit qu’il y a des jours avec et des jours sans. Il y a aussi des jours où les hauts et les bas cohabitent, comme pour nous rappeler, comme si on ne le savait pas déjà, qu’il n’y a pas de roses sans épines. Ainsi, en ce dimanche, du côté des hauts, je me suis rendu à Plœuc-sur-Lié, un bled proche de Saint-Brieuc, pour assister à la présentation officielle d’un recueil de nouvelles auquel j’ai modestement participé, le trajet en co-voiturage s’est effectué sans le moindre accroc, je suis donc arrivé à l’heure, j’ai ainsi pu constater que les deux dessins que j’avais proposés pour illustrer ma nouvelle avaient été retenus par l’éditeur, j’ai eu de très bons retours à propos de mon texte et j’ai même réussi à vendre deux de mes livres parus chez d’autres éditeurs. Du côté des bas, j’ai commencé la journée en recevant un commentaire incendiaire d’un internaute qui trouvait que je faisais trop d’honneur à Ségolène Royal dans un récent épisode (j’ai la maladresse de lui répondre, autant dire que j’ai ouvert la boîte à emmerdes), l’éditeur a annoncé qu’il allait mettre fin à son activité en mai prochain et, last but not least, pour le voyage du retour, un malentendu avec ma co-voitureuse me vaut de poireauter une heure dans le froid : je ne sais toujours pas très bien si c’est de moi ou d’elle que venait l’erreur, toujours est-il qu’au désagrément de la température hivernale s’ajoutait l’angoisse à l’idée de passer la nuit en rade dans une localité où je ne connais quasiment personne et où je n’ai aucun repère ; quand on vit ce genre d’expérience, on se rend mieux compte de la détresse que doivent ressentir les SDF… D’habitude, je fais mes trajets inter-Bretagne en TER, mais avec les grèves qui n’en finissent pas, j’ai préféré prendre les devants ; aussi, quand ma co-voitureuse arrive enfin, je ressens le soulagement du jeune appelé qui vient d’apprendre qu’il est réformé ! Ce voyage nocturne sera l’heureuse conclusion d’une journée contrastée : faire le retour en compagnie de trois jeunes et jolies femmes n’est pas désagréable…

21h30 : Celles qui sont désormais mes compagnes de voyage m’ont expliqué qu’elles sont étudiantes en médecine et qu’elles ont profité de la fin des partiels pour faire un voyage en Pologne : elles sont rentrées en France à Beauvais dans l’après-midi, l’une d’elles a encore mal au dos suite au temps passé assise sur les inconfortables fauteuils de l’avion low-cost, et surtout, elles connaissent encore moins Saint-Brieuc que moi, ce qui explique le fâcheux malentendu. Bien entendu, je pardonne à ces charmantes demoiselles et je leur explique pourquoi j’étais venu dans la région : elles sont vivement impressionnées. Je ne dois pas être beaucoup plus âgé qu’elles, mais ma manie de vouvoyer tout le monde doit me vieillir à leurs yeux juvéniles qui, déjà, m’auréolent probablement du titre d’écrivain qui parait glorieux à tout le monde – sauf aux éditeurs et aux écrivains eux-mêmes, bien sûr. Quand elles apprennent que je suis docteur en philosophie antique, elles me demandent de leur faire une introduction à la matière, rien que ça ! Je puise donc dans les dernières sources d’énergie qui me restent à l’issue de cette journée riche en émotions et mobilise les idées qui me viennent à l’esprit pour improviser un mini-cours qui ne ferait pas honneur à mon titre mais apporte satisfaction à mes auditrices ; à la suite de quoi, vaincu par la fatigue, je reste muet jusqu’à ce que la conductrice me dépose à Lambézellec où je rejoins mon doux foyer. Une fois rentré, je constate que ça n’a pas raté : l’internaute ségolèneroyalophobe a rebondi sur ma réponse et m’a incendié de plus belle ; je m’étais pourtant bien promis de ne plus polémiquer, je ne sais pas ce qui m’a pris, la mauvaise nuit que j’avais passée avait dû avoir raison de ma tolérance… J’ai quitté trois personnes qui doivent me prendre pour un seigneur (elles ont tort), j’en trouve une autre qui doit me prendre pour un traître (c’est exagéré) : décidément, on m’aura offert les montagnes russes, aujourd’hui !

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