Rendez-moi mon enthousiasme pour le printemps arabe !

Graoulliennes, Graoulliens, amical bonjour de la pointe Bretagne ! On est déjà en septembre, il est déjà temps que je réfléchisse à une nouvelle phrase d’introduction pour l’année prochaine ; en attendant, cette année 2011 n’est pas terminée que l’on peut déjà affirmer, en assumant le risque d’erreur que toute affirmation de ce type implique, qu’elle aura été placée, abstraction faite de la catastrophe de Fukushima, sous le signe du printemps arabe.

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Vous vous souvenez de la fuite de Ben Ali ? Quand la nouvelle était tombée, je n’ai pas voulu y croire tout de suite, ça avait l’air trop beau pour être vrai ; et pourtant, ça y était, c’était arrivé, la peur avait enfin changé de camp, le dictateur avait perdu la guerre qu’il menait contre son peuple depuis plus de trente ans. Quand Moubarak quitta le pouvoir à son tour, j’y vis le signe que la révolution tunisienne n’était pas un fait isolé et constituait au contraire le point de départ, pour le monde arabo-musulman, d’une dynamique comparable à celle de la chute des « démocraties populaires » (les communistes avaient un sens de l’humour bien à eux…) en Europe de l’Est. L’année 2011 commençait bien, je m’enthousiasmais pour le printemps arabe qui montrait au monde entier que le combat peut finir par être payant.

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Pourquoi ai-je mis cette dernière phrase au passé ? Parce que la récente chute de Kadhafi en Libye n’arrive pas à m’enthousiasmer autant que celles de Ben Ali et de Moubarak ; on ne peut que se réjouir, évidemment, que ce pitre sanguinaire ait été défait, même si le fait qu’il soit actuellement introuvable n’est pas d’excellent augure : qui nous dit qu’il ne prépare pas une riposte avec on ne sait quels alliés encore inconnus ? Ce n’est cependant pas le manque d’assurance concernant la réalité de la réduction à l’impuissance de l’ex-dictateur qui a eu raison de mon enthousiasme pour le printemps arabe, mais plutôt le fait que les hommes qui ont pris la tête de la révolution sont, il ne faut pas l’oublier, des anciens ministres de Kadhafi, qu’ils n’occupaient pas des postes anecdotiques dans le gouvernement du colonel d’opérette et qu’ils ont surtout su retourner leur veste au bon moment ; en clair, on a Éric Besson là où il aurait fallu Zapata…

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Cela expliquerait, soit dit en passant, pourquoi nos dirigeants occidentaux, notre demi-conducator en tête, ont été si prompts à soutenir les rebelles : d’une part, ils ont déjà eu l’occasion de « dialoguer » avec ces anciens ministres kadhafistes et savent qu’ils sont des « interlocuteurs valables », ce qui, en langage non-diplomatique, signifie qu’ils pourront continuer à magouiller avec eux comme ils magouillaient avec Kadhafi, que ce soit pour le pétrole ou le transit des émigrés. D’autre part, il est bien évident que les opportunistes professionnels qui nous gouvernent ne peuvent qu’avoir une sympathie spontanée pour des gens qui ont su retourner leur veste du bon côté…

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Quoi qu’il en soit, le problème qui se pose est le suivant : outre le fait que notre mini-singe hurleur national ne manquera pas de tirer profit de sa « réussite » pour sa campagne, récupérant ainsi le printemps arabe dans l’espoir de prolonger l’hiver français, les Libyens (qui sont quand même les premiers concernés) ne risquent-ils pas de se faire avoir une nouvelle fois ? Ce ne serait pas la première fois qu’une révolution ferait passer tout un peuple de Charybde en Scylla ; comment avoir pleinement confiance dans les convictions démocratiques de ceux qui ont jadis exécuté les basses œuvres pour le compte du tyran ? Je sais bien qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais d’avis, mais là, j’attends de voir pour y croire…

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Vous savez ce qui pourrait me rendre mon enthousiasme pour le printemps arabe ? Que Bachar Al-Assad tombe à son tour. Si possible sans l’aide d’une puissance occidentale. Allez, kenavo.

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