Merci Scarlett

Quoique, selon la formule consacrée, nous condamnons avec la plus grande fermeté la scélaratesse du malpoli qui a dévoilé à nos regards impudiques les ondulations voluptueuses de l’anatomie de la plantureuse Scarlett Johansson, accordons-lui des circonstances attenuantes puisqu’il peut se targuer d’avoir été l’un des seuls dans l’actualité à nous avoir permis d’oublier quelques instants à quel point le monde est rendu chaque jour un peu plus invivable par ceux qui le dirigent à sa perte. Et remercions aussi le FC Metz de continuer à nous faire rire chaque weekend avec une régularité qui force le respect.

Le premier des pompeux cornichons qui nous pousse au désespoir est un habitué, puisqu’il s’agit de Nicolas Sarkozy. Après avoir libéré la Libye à quatre mains avec BHL, il a tenu à toute force à nous faire savoir qu’il était aussi un homme de lettres, et a ostensiblement fait remarquer qu’il était en ce moment plongé dans la lecture de « Guerre et Paix » de Tolstoï. Bien que son périple libyen avec son « philosophe » préféré s’apparente plus à la nouvelle « les Deux Hussards » du même auteur, on se réjouit de ce subit intérêt pour la littérature, et on se dit que s’il avait lu Victor Hugo, il aurait construit des écoles pour vider les prisons au lieu de faire l’inverse. Malheureusement, cet espoir de courte durée fut rapidement tempéré par une proposition effarante de l’UMP qui voudrait que les jeunes, et particulièrement ceux fraîchement naturalisés, prêtent « allégeance aux armes de la France ». Après la polémique sur le 14 juillet et l’encadrement militaire des jeunes délinquants, il semble bien que l’on chercher à redorer le blason de la Grande Muette, mais pourquoi? Parce qu’une guerre est sur le feu, la Patrie serait menacée et personne n’en sait rien ? Pour singer le serment d’allégeance américain? Pour fayoter auprès du nouveau lecteur de Tolstoï? Et que va inventer Jean François Copé si Sarko emprunte les 120 journées de Sodome à Berlusconi?  Ou plus vraisemblablement s’agit-il d’occuper le PS pour qu’il arrête de fouiner dans les affaires Karachi, Bourgi et consorts (et le pire c’est que ça marche!)?. Reste que cette résurgence du patriotisme, du drapeau, du kaki et des bruits de bottes me donne légèrement envie de prêter allégeance au Costa-Rica, ou à n’importe quel autre pays qui trouve que l’uniforme et les serments patriotiques ont la couleur et le goût du caca d’oie.

Deuxième groupe de crétins à porter au pinacle, les juges de Georgie, sans accent s’il vous plaît sinon on parle de l’Etat du Caucase, qui ont rejeté tous les pourvois contre l’exécution de Troy Davis (aucun rapport avec le paragraphe précédent, me direz-vous, mais vu le climat qui règne actuellement en France, je ne serais pas autrement surpris si le débat sur la sentence suprême revenait sur le tapis). Et Mumia Abu Jamal doit avoir les dreadlocks qui sifflent. En anglais, preuve se dit evidence, et en l’occurence la culpabilité de Troy Davis était tout sauf évidente, les témoins se désistant les uns après les autres et les preuves matérielles aussi peu nombreuses que des militaires cultivés. Et quand bien même elle serait avérée, la peine capitale n’en eut pas été justifiée pour autant. Les Etats-Unis, censés être la plus grande démocratie du monde, s’abaissent encore dans la plupart de leurs Etats à assassiner leur concitoyens, et refusent d’admettre que ce n’est pas parce que la mort fait de la peine qu’il faut cautionner la peine de mort. Et malheureusement, quand on entend les ayatollahs du Tea Party qui rêvent de transformer le pays d’Oncle Sam en Iran chrétien, on craint pour les détenus de cette grande nation qui règle sa population carcérale en fonction des statistiques du chômage. Dans l’hymne national de l’Etat de Georgie, Ray Charles chante « No peace, no peace I find, just this old sweet song keeps Georgia on my mind ». On espère que les magistrats de la Cour Suprême auront longtemps une vieille et douce mélopée de culpabilité sur la conscience.

Dans un prochain épisode, nous regretterons d’avoir autre chose à faire que d’interviewer des candidats de « l’Amour est dans le pré », et nous découragerons Scarlett Johansson de se présenter à l’investiture démocrate pour la présidentielle. Non, Scarlett, tu n’as pas le droit de nous décevoir comme Barack Obama.

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