MON ETE DU LIVRE, PAR GREGORY BAUMANN

Commençons d’abord par les points positifs. Les organisateurs ont eu la gentillesse de me laisser improviser un stand juste à côté du chapiteau sans venir me demander quoique ce soit.
Je me suis installé donc le samedi et le dimanche après-midi de 14h à 19h. J’avais ramené un poste avec moi et acheté des pilles pour diffuser du son. J’ai choisis des cd correspondant à mon état d’esprit et à la météo ensoleillée qui s’est heureusement présentée à nous.
Il y a eu par exemple un album live de Manu Chao pour commencer, le premier cd de « Baionarena » histoire de lancer l’ambiance et d’offrir une atmosphère conviviale.
J’ai aussi passé le cd de Hollie Cook, la fille du batteur des Sex Pistols. C’est son premier album très influencé reggae/ragga.
J’ai ensuite mis l’album « Aux armes etc… » de Gainsbourg.
Puis l’album « Mauvaises nouvelles des étoiles, version Dub » sur lequel j’ai pu improviser la lecture en rythme de quelques un de mes poèmes.
Puis le cd « Par temps de rage » de La Canaille, en visant avec les titres: « J’ai faim », « Le soulèvement aura lieu », « Ma poésie ne se lave pas », « Salle des fêtes » et « Rapper en paix ».

Un journaliste web est passé en début d’après-midi quand je me suis installé pour me prendre en photo.
Très, très peu de gens ont pris le temps d’écouter, de feuilleter le recueil, etc… comme si mes livres mordaient !!!
Un homme assez militant et motivé ayant déjà roulé sa bosse est quand même passé discuter et m’a donné un conseil en me donnant le contact d’une personne dans le milieu associatif qui devrait pouvoir me soutenir.
L’après-midi s’est ainsi terminé doucement.

Le lendemain j’ai remis la même playliste mais en me plaçant cette fois à l’entrée et non à la sortie du chapiteau.
En remettant cette playliste, je comptais improviser mes poèmes sur l’album « 613 » d’un ami, le Chapelier Fou. Mais vu l’ambiance, les réactions, l’atmosphère, etc… je ne me suis pas senti à l’aise pour refaire comme la veille.
J’ai été estomaqué de voir combien les gens généralement manquent de curiosité. On sent des personnes surprises par la démarche et jeter un coup d’oeil, mais dans 90/100 des cas, elles n’ont pas poussé plus loin, n’ont même pas cherché à savoir, comprendre, etc … !!!
D’où l’impression que mes livres avaient l’air de mordre.

Mais cette fois plus de personnes ont pris le temps au moins d’échanger quelques mots.
Ce qui est ressorti des discussions, comme me la fait constater une passante, est que d’une, les gens avaient peur de la liberté, lorsqu’on les laisse être libres elles se sentent perdues car la liberté nécessite des efforts. Elles préfèrent être guidées, suivre un mouvement général, ce qui est bien plus confortable.
Trois jeunes touristes hongrois ont également pris le temps de discuter en anglais mais évidemment, elles ne maîtrisaient pas assez la langue française pour acheter un exemplaire.

Quelques personnes m’ont demandé des cigarettes, ce qui m’a surpris étant donné que j’étais là pour vendre quelques recueils, car j’ai besoin comme tout le monde d’argent.
Je suis à la base pour la gratuité, d’où mon poème: « La gratuité est la noblesse du geste ».
Mais quand à force on donne sans retour, on est obligé d’arrêter de le faire, puisqu’il est difficile d’être généreux matériellement, les poches vides ! Et surtout car ce principe de gratuité n’est pas suivi ou très peu par mes contemporains.

J’ai ensuite fini mon après-midi en discutant avec deux dames fort sympathiques qui m’ont fait comprendre que la majorité des gens étaient là simplement pour se balader et se montrer !!!
C’est la superficialité et les apparences qui priment. Attendez, se développer et élever le niveau, c’est bien trop fatiguant.

Comme l’avait déjà remarqué Flaubert, en répondant à l’attaque du critique Sainte-Beuve:

« Et puis mon exemple sera peu suivi. Où donc est le danger? Les Leconte de Lisle et les Baudelaire sont moins à craindre que les Nadaud et les Claiville (deux médiocres, à l’époque plébiscités mais aujourd’hui oubliés) dans ce doux pays de France où le superficiel est une qualité, et où le banal, le facile et le niais sont toujours applaudis, adoptés, adorés. On ne risque de corrompre personne quand on aspire à la GRANDEUR. »

Personnellement je crois au nivellement par le haut. Je ne supporte pas l’idée qu’il faudrait rabaisser une réflexion, une oeuvre pour atteindre le grand public, ça serait pour moi mépriser justement les lecteurs, les auditeurs, les spectateurs, …
Au contraire, j’ai l’utopie de penser que l’on peut élever la masse plutôt que de partir de l’a-priori qu’elle ne serait pas capable de ressentir des oeuvres plus complexes, des ressentis plus tortueux et qu’il ne faudrait que lui proposer des créations basiques et plan-plans.
C’est mépriser le peuple que de le sous-estimer; je pense qu’il est possible d’ouvrir les yeux de la population sur ses capacités, sur sa possibilité à se réveiller, à développer son esprit et à s’élever !

Malheureusement ce premier essai n’a pas été concluant, mais il nous faut rester endurant.

Voici donc le recueil que j’ai proposé à l’été du livre: Subterfuges de rimes enchevêtrées

Cette semaine est sorti mon deuxième recueil: « Lucioles verbales et autres libellules »

En espérant que les mots, tels des lucioles, sauront briller dans la nuit de l’obscurantisme !

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