La cocotte-minute du festival du film court de Brest, cru 2011

Ronaldo

Ici Brest, les Bretons parlent aux Lorrains ! Bon, je n’irai pas par quatre chemins : aujourd’hui débute le festival de Cannes où le cinéma n’est depuis longtemps longtempes plus rien d’autre qu’un prétexte à un indécent étalage de richesses. Moi, je n’aime pas ça, alors je préfère vous parler d’un autre festival du film où la frime n’a pas encore pris le pas sur la curiosité artisitique. Voilà. Ce festival, c’est le festival européen du film court de Brest (à ne pas confondre avec le festival international de Clermont-Ferrand) dont la dernière édition s’est tenue en novembre dernier et qui m’avait fourni matière au petit article qui suit, que je destinais également à Sortie de secours, le journal culturel qui n’a pas paru cette année. On y va ?

Artalde

Chaque année, la « Cocotte-minute » du festival du film court de Brest ravit les amateurs de curiosités cinématographiques avec sa sélection de films de moins dix minutes sans aucun dialogue où l’imagination de certains réalisateurs trouve un terrain de jeu adapté à son épanouissement. La « Cocotte-minute » de l’année dernière était sympathique et accessible au grand public ; hélas, ce n’est pas complètement le cas du cru de cette année dont l’alpha et l’oméga furent Miss Daisy Cutter et The city, five years older, deux clips musicaux hermétiques et prétentieux ; ces deux qualificatifs peu flatteurs s’appliquaient aussi à Šarena Laža, à Album, à Falling (malgré sa grande rigueur esthétique), et aussi, dans une moindre mesure, à Next. Ces films appartiennent à ceux dont le spectateur de base dit volontiers « c’est de la merde, on pige que dalle » et que le cinéphile pseudo-éclairé fait semblant d’aimer : certes, il peut être tentant pour un réalisateur de libérer ce qui se niche au creux de son imaginaire sans aucune médiation diégétique, au risque de n’être compris que par quelques-uns, mais c’est souvent une fausse bonne idée : quand on a vu un film de ce type, on a l’impression de les avoir tous vus.

Behind the wall

Étaient donc plus intéressants les films où l’équipe a su brider suffisamment, sans la faire taire, son imagination pour surprendre tout en restant intelligible. Ainsi, Skásaga prend au pied de la lettre le mot d’Emanuel Lasker, « le jeu d’échecs est avant tout une bataille », avec un effet comique certain. Artalde se veut une métaphore sur l’emprisonnement des humains dans les grandes villes, à travers la figure désuète et décalée du berger. Porozamawiaj Z Nim offre une représentation intéressante de la routine. Loft met en scène la tentative ratée d’un vieil homme de rendre malheureux un enfant qui a fait tomber un ballon dans son jardin. Nesieska Sianden est une variation intéressante, malgré des plans un peu longuets où la caméra se complait visiblement dans le sanguinolent, sur le thème de la perte de l’innocence. Ronaldo conte le match de football qu’un petit garçon vêtu et coiffé comme la star du Real Madrid dispute contre un adversaire de choix : une balançoire ! Le très joli Hurdy Gurdy reconstitue la vie d’une grande cité portuaire en mélangeant images de jouets et de citadins réels. Behind the wall est une petite merveille d’humour noir mâtiné de Kafka. The illustrated city, production anarchiste et revendiquée comme telle, met en lumière de quelle façon l’aspect d’un mur peut être révélateur de l’évolution politique d’une société. Maybe…, enfin, le film le plus long de la compétition, est une adorable bluette dans laquelle un jeune homme fait suivre un jeu de piste à la jolie serveuse d’un coffee shop… Il y en a eu pour tous les goûts, que le meilleur gagne ! Allez, salut les poteaux !

Maybe...

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