Il m’a retiré mon kimono…

…/….

 » Allo Isa ??? C’est Caro !!! »
 » Caro !!! Comment vas tu ? Je suis contente de t’entendre … Comment ça se passe avec Jean-Yves ?  »
 » Hein ? Quoi ? Tu dis quoi ? Mais c’est qui Jean-Yves ?  »
Maudits travaux de voie publique !!! Je peste, me déplace à la recherche d’un endroit plus calme ou , tout au moins un peu plus silencieux …
 » Caro ?? T’es là ???  »
 » Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii … »
Je n’avais qu’une seule oreille de fonctionnelle, elle vient de décéder!
 » Isa ? C’est qui Jean-Yves ? T’as un copain ? Il est mignon ? Est-ce que celui-là il fait bien … Scro*tch, scromptch… »
 » Caroooo !!! Je n’ai rien capté de tes borborygmes !  »
 » Isaaaaaaaaa !!! Ça y est !!!! Je l’ai fait !!!!  »
Elle l’a fait ? Ben …
 » Je suis contente pour toi …  »
Elle a l’air complètement excitée …
 » Mais dis-moi, Caro… Tu as fait quoi ?  »
 » Retrouves moi dans une heure au Salon de thé si chic là …  » me hurle t-elle.
 » Caro ! Tu m’entends ?  »
Ralalala la ligne est mauvaise avec tous ces travaux , on entend rien …
 » Isa ? T’es toujours là ? Tu vois de quel salon je parle ?? Celui qui est situé place de la Percée…
Je t’y rejoins dans une heure, alors sois pas en retard !!! Faut que je te raconte !!! OK ??  »

Bim ! Téléphone raccroché. Même pas le temps de rajouter quoique ce soit …
Elle minaude, elle ondule … On dirait une chatte qui cherche un endroit pour poser sa crotte …
Qu’a t-elle bien pu encore inventer … dans quel bourbier s’est-elle fourrée?
Ou bien, c’est comme d’habitude, je n’ai rien capté et elle va encore se foutre de moi …
…/…
 » Ah te voilà !  » Me dit la fille en mini jupe que même les réverbères rougissent de honte en la croisant …
 » Merde Caro, t’as 47 ans , t’as passé l’âge des  » ras-la-moule »  »
 » Isa ….. je l’ai fait ! Je l’ai Fait ! Tu m’entends ? JE L’AI FAIT …  »
… Un chien passe, s’arrête et  regarde le réverbère en hésitant …
 » Tu veux pas qu’on entre boire un thé, parce que mes 46 ans passés à moi, me piquent les yeux et me glacent les pieds Caro … »
Nous entrons dans le salon qui est comme toujours : bondé ! Une seule et unique table de libre et je vous le donne en mille … Elle est située où ? En plein milieu de la salle ! Bien, bien … On va faire avec … Moi qui suis de nature « discrète », je cherche à me débarrasser de mon manteau sans renverser les tasses et les théières sur les autres tables… Je cherche où déposer mon
sac à main (l’appendice détachable de toute femme dite ou pensée « honnête ») … Je le planque contre le pied de la table, en espérant que pas une mémé ne se prennent les pieds dedans …
Caro, forte de ses 46 kilos de plumes, balance sa veste qui atterrit on ne sait comment, proprement,  sur le bras de son fauteuil … Croise ses longues jambes gainées de noir, ses talons hauts cramoisis par tant d’ardeur … Pose son « baise-en-ville » de genre femme que je ne suis pas, femme du Monde…
En même temps, elle est née comme ça : belle, mince, séduisante … Bref … Quand elle lira , elle va encore pouffer …
Ses longs doigts aux ongles démesurés, peints en vermillon, s’agitent et me font penser à ces chefs-d’orchestres que l’on appelle Maestros.
J’attends la symphonie, et guette le petit tablier blanc de la serveuse… Nous passons commande et comme d’habitude, Caro ne sait pas quelle variété de thé elle va prendre… Elle va hésiter entre deux sortes de petits fours pour ne finalement n’en prendre aucun… N’oubliant pas, au passage de me conseiller les meringues blanches, moi qui ne mange jamais de meringue !!! Je déteste les meringues !
J’attends patiemment que la musique démarre … D’un coup d’un seul, elle se lance … Elle ne parle pas, elle crie. Elle n’explique pas elle hurle. Je scrute la salle et remarque que le bourdonnement de la clientèle, ne se fait plus entendre … ou alors… Je suis devenue sourde une heure auparavant …
 » Isa. Il faut que je te raconte. Je ne peux le dire qu’à toi … Je l’ai fait ! »
Je jure sur ma tasse de thé et mes deux sucres, que si jamais elle me le répète une fois encore, je lui crève les yeux avec ma mini cuillère ! Promesse
 » Caro !  »
 » Isa ?  »
« Accouche ! »
 » T’énerve pas ma chérie, me dit elle … Tu es rouge comme une écrevisse et je pense à ton cœur moi …  »
Je vais la tuer avant 16 heures ….
 » Tu te souviens du mec que nous avions croisé à l’expo « Miro », il y a un peu plus de 2 mois ? Le grand brun là … Il avait des lunettes à montures vertes …
mais si … fais un effort, quand même Isa … Comment veux tu que je te raconte le truc , je dis bien LE truc , si tu ne m’aides pas ? … »
J’essaie de me souvenir, je me remémore l’expo et l’image d’un mec poilu me revient…
 » C’est celui là Caro ?  »
 » Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !  »
Ben voilà … la salle est sourde , les sonotones ont explosé, la serveuse a lâché son plateau, même mon sac à main s’est cassé la gueule … c’est dire …
 » Hier, en allant chez mon dentiste, il était là ! Il m’a tenu la porte ! Tu te rends compte ? Il m’a tenu la porte : à MOUaaaaa … bref …
Nous avons échangé un merci, un regard, des sourires, et notre place sur le siège du dentiste. Comme il avait rendez-vous après moi, je l’ai attendu…  Oh, je sais ce que tu penses, alors dis rien !!!
 » ??? !!! ???  »    Je ne pense même plus tant la douleur de mes oreilles est forte alors … deux Doliprane vite !
 » Lorsqu’il est ressorti, il m’a dit que puisque c’était la seconde fois que nous nous croisions, nous devrions aller boire un café. Tu me connais … Je n’ai pas manqué de lui rappeler que c’était la troisième et pas la seconde … Nous avons pris ce café !!! Tu sais ce qu’il fait comme boulot ???
 » Euh … Non… Comment m’as-tu dit qu’il s’appelait déjà ??  »
 » Isa, tu es affligeante et déconcertante !! Je ne te l’ai pas dit puisque je ne le sais pas !!!  »
 » Carooooo … Sois indulgente …  »
 » Je peux continuer mon histoire ou pas ? Tu veux savoir ou pas ?  »
 » Oui, oui, oui Caro, je VEUX savoir … Vas y … Je suis là pour ça … Je suis toute ouïes dehors, rien que pour toi  »
 » Okééé … On a passé un moment extra lui et moi. J’te jure ! Un coup de foudre … Du coup, puisqu’il était presque 20 heures, je l’ai invité à manger.
Il a dit non pour commencer, mais j’ai un peu insisté et il a accepté. J’étais toute retournée … »
Elle bat des mains, applaudi sa connerie, qui commence singulièrement à me faire monter à la bouche le mot de … Nooonnn … Je ferme ma bouche, en
lui imposant un thé encore brûlant, quitte à commander une glace dans la foulée. Surtout ne pas blesser ma Caro …
 » Aïe! Merdum ! »
 » Je continue, ne m’interromps pas, s’il te plait Isa. Donc nous sommes allés chez moi … Comme d’habitude le frigo était vide, mais le traiteur d’en bas de la rue nous a livré tout ce qui lui restait et il m’a sauvé la vie ! Nous avons dîné, mes yeux ne quittaient pas les siens.
Ils sont beaux ! Ils sont marrons …  »
…/…
 » Après le dîner, nous sommes passés au salon, je me suis allongée… Il m’a dit que c’était possible … Que cela ne lui faisait pas peur … »
Là ! Je sèche ! La figue dans le compotier, n’est pas plus ridée que ma bouche faisant la moue…
 » Je suis passée à la salle de bain , je me suis douchée, j’ai enfilé mon kimono jaune . J’ai pensé que le jaune irait bien avec ses lunettes …  »
…/…
Gloups! Glurp! Je ne comprends rien .. mais là pour le coup, je pense que je ne suis pas la seule …
Elle repart dans ses explications …
 » Oh ! Je ne t’ai pas dit ? Il avait ses accessoires avec lui … Il sortait juste de son travail lorsque nous nous sommes retrouvés chez le dentiste.
Un coup de chance non ? Donc, je sors de la salle de bain, et je me suis allongée sur le canapé en cuir… Il a passé sa main sur mes jambes … Il a dit qu’il préférait ma jambe gauche … Moi, je n’étais plus vraiment certaine de vouloir…. Il a ouvert sa mallette. Elle regorgeait d’instruments… Il les caressait amoureusement… Ses yeux brillaient…
Il a retiré sa chemise, desserré sa ceinture, il a remonté ses manches et … Il a sorti son engin… Jamais je n’en n’avais vu de comme ça ! Il était gros, énorme je dirais même son truc ! Il m’a retiré mon kimono. J’ai frissonné, tant j’avais peur… Il s’est approché de moi, je sentais son parfum, et, tout en douceur, il me l’a mis… sur le bras…
Nous n’avons pas trouvé de suite la bonne position… En même temps, c’était la première fois pour moi … Lorsque le truc a vibré, je me suis sentie trempée, dégoulinante… Je me suis sentie pénétrée, et je n’ai pu m’empêcher de gémir… Il m’a dit que si j’avais trop mal, il arrêtait … J’ai murmuré non puisque ma décision était ferme aussi ferme que son truc … Il est allé jusqu’au bout ! Je me suis laissée faire… Il a fait des pauses, puis a recommencé. Il l’a fait au moins 6 fois !!!! Tu te rends compte ???  »
Oui, non, je ne me rends pas bien compte… Mais en même temps… Je n’ai pas très envie … Le salon de thé est tout à l’écoute. Peut-être qu’eux ont envie de se rendre compte… Je n’ose regarder ces gens. Malaise …
« Isa, tu sais quoi ? Telle que tu me vois là, je suis la femme la plus heureuse et épanouie au monde ! Jamais personne ne m’avait fait ressentir ça !
C’était si fort… Si …  »
…/…
 » Isa !!!! Ça va pas ? Tu veux de l’eau ?  »
Elle lève le bras pour héler le tablier volanté de la serveuse ! Et là ! Là ! Je comprends tout…
« Caroooo !!! Espèce de folle !!! Si tu savais ce que je me suis imaginée !!!  »
 » Isa, j’ai encore la preuve que tu ne m’écoutes pas … Je te l’avais dit ! Je suis dingue des Yorkshires … Isa, alors ? Tu le trouves comment mon tatouage ? Il est beau non ??? En plus il est discret sous mon bras …T’aimes pas ???  »

 

Je l’ai déjà dit : « Je ne comprends jamais les choses que l’on m’explique du premier coup !!! Avec moi, il est bon de remettre ça … au moins 2 fois … »

 

I.PERITO

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