Homer Simpstrauss-Kahn

Devezh mat, Metz, mont a ra ? Je ne sais pas pour vous, mais il y a un épisode des Simpson qui m’a marqué quand j’étais gamin : Homer raccompagne en voiture une jeune et jolie femme dont il se fout complètement, ce gros goulu n’ayant en tête qu’un bonbon qu’il a égaré ! Lorsque la jeune femme descend, il s’aperçoit que le bonbon est collé derrière la fesse de sa passagère et, n’écoutant que son estomac, cet idiot récupère sa sucrerie : la nymphette est évidemment outrée parce qu’elle pense être un pinçon à son éminence charnue, ce qui est un comble au vu de la fidélité exemplaire d’Homer envers son épouse (sans doute parce qu’il est trop paresseux pour aller voir ailleurs, mais il faut tout de même lui laisser ça). Toujours est-il qu’il n’en faut pas plus pour que ce pauvre Homer se coltine, à l’échelle de toute la ville, une douteuse réputation d’obsédé sexuel macho et sans-gêne qui lui vaut d’inspirer le mépris et les moqueries de tous ses concitoyens, la télévision allant même jusqu’à diffuser une reconstitution des faits sans rapport réel avec ces derniers, l’acteur interprétant un Homer mille fois trop viril et trop brusque pour être vrai…

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Pourquoi je vous parle de ça ? Parce que j’ai peur que le film consacré à la tristement célèbre (tristement car elle est quand même sordide) affaire D.S.-K. soit du même tonneau… Entendons-nous bien : je n’ai aucune sympathie pour Dominique Strauss-Kahn qui, dans les affaires de mœurs qui le plombent, n’a pas l’excuse d’une crétinerie incurable (je n’écris pas « congénitale » pour éviter les jeux de mots vaseux) comme ce bon vieux Homer J. Simpson. Je n’ai pas non plus l’intention de prétendre que notre ex-futur-président est innocent de tout ce dont on l’accuse MAIS (et oui, il y a toujours un « mais » !) je crois que très peu de gens sur terre sont à même de pouvoir affirmer à coup sûr qu’il est coupable : qui peut prétendre savoir avec certitude ce qui s’est passé dans la chambre du Sofitel ? A-t-il vraiment violé Nafissatou Diallo ? C’est possible. Lui a-t-il seulement fait des avances trop pressantes ? C’est possible aussi. A-t-elle raconté des bobards pour se faire du fric sur son dos, la réputation sulfureuse de D.S.K. étant déjà acquise à l’époque ? Ce n’est pas impossible. A-t-elle été payée pour le faire tomber ? Ce n’est pas impossible non plus. Bref, on ne sait pas. D.S.-K. est ce qu’il est, mais c’est un être humain, et faute de certitude absolue concernant la réalité de ses agissements, je crains que le film consacré à cette sombre affaire ne soit du même métal que la reconstitution de la soirée d’Homer Simpson dont je vous parlais tout à l’heure, c’est-à-dire qu’elle participe à la création d’une légende qui réduit un homme à l’état de repoussoir absolu, à l’état de symbole vivant de tous les vices et de toutes les perversions, c’est-à-dire, et oui, à l’état de bouc émissaire de toutes les turpitudes que nous n’osons pas assumer… Je le crains d’autant plus que Depardieu n’aura aucun scrupule à jouer des scènes obscènes, tant il est vrai qu’il n’en est plus à une obscénité près… Notez, je le redoute moins pour Strauss-Kahn, dont je n’ai rien à foutre, que pour nous-mêmes : si l’humanité en est encore à se complaire dans la lapidation en place publique d’un bouc émissaire, c’est qu’elle n’a pas évolué d’un iota depuis la préhistoire…

02-28-Marcela Iacub

C’est d’autant plus regrettable que, dans le cas présent, ça tombe sur une crapule comme D.S.-K., mais l’épisode des Simpson dont je vous parlais tout à l’heure nous rappelle que la prochaine fois, ça pourrait très bien tomber sur un pauvre couillon comme Homer, c’est-à-dire sur un brave type comme vous et moi, surtout à une heure où la fée Internet donne à la simple rumeur la même importance qu’aux vraies nouvelles et où les gens réagissent avant de comprendre… Enfin, moi, ce que j’en dis… Kenavo, les aminches !

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