Canal+ et moi (2)

Canal_1991-1996_reproduction

Et c’est reparti, je continue mon abécédaire à rebours pour détailler avec vous le rapport que j’ai entretenu avec Canal+ (qui, au cas où vous ne le sauriez pas, fête ses trente ans d’existence). Nous en étions arrivé, samedi dernier, à la lettre « O », passons donc à la lettre qui la précède, le « N », N comme les N…

NULS, L’ÉMISSION (Les) : Faut-il envisager les sketches que les Nuls ont tournés avec les invités de leur émission comme autant de tentatives de reconstituer leur quatuor brisé par la mort prématurée de Bruno Carette ? Je n’ai pas la réponse, mais n’empêche… Aaaah, quelle putain de bonne émission, ça, alors ! Tous les samedis soir, le monologue de l’invité, les sketches avec ce dernier, deux titres de l’invité musical, « L’édition, le journal de l’émission », le tout en « direct-live » avec les fausses pubs pour lier la sauce ! La Rolls-Royce de Canal, une qualité jamais dépassée depuis (toutes les tentatives ultérieures de la chaîne pour lancer une nouvelle grande, belle, chouette et marrante émission comme celle-là se solderont par un échec), le chef-d’œuvre des Nuls, qui leur vaudra leur troisième 7 d’or et après lequel ils n’auront plus qu’à faire leur propre film pour achever d’entrer dans la légende… L’idée de tourner dans un studio délibérément laissé à l’état d’inachèvement était d’autant plus géniale que non contente d’aller radicalement à contre-courant de tous les codes traditionnels en matière de mise en scène télévisuelle, elle permettait d’éviter qu’un décor ne vienne, par sa présence, écraser la petit musique d’un sketch ; cette émission mythique mériterait bien l’édition d’une intégrale en DVD avec des bonus et des petits livrets d’entretiens resituant chaque numéro dans son contexte… Dites, ce n’est pas idiot, ça ! Il faudrait écrire à Canal pour leur proposer l’idée…

Nuls, l'émission (Les)

NAGUI : On a tendance à l’oublier, mais c’est bien le célèbre Nagui qui a présenté l’avant-dernière saison de Nulle part ailleurs ; l’animateur rattrapait sans trop de peine les deux années calamiteuses que nous avait offertes précédemment un certain Guillaume Durand mais on était quand même très loin de l’esprit qui avait fait le succès de l’émission. S’ensuivirent quelques années au cours desquelles la tranche horaire de début de soirée sur Canal fut déclarée zone sinistrée. Qui aurait pensé que le renouveau viendrait d’un certain Denisot ? Nagui, entretemps, a retrouvé le service public, avec le succès que l’on sait : qu’il y reste !

Nagui

MUSIQUES : Ce n’est pas le scoop de l’année : Canal+ a été lancée grâce à des anciens des Enfants du Rock, dont Pierre Lescure lui-même ; rien d’étonnant, donc, à ce que la musique y ait toujours occupé une place de choix, et ce dès le début, non seulement grâce à la diffusion de tours de chant en « direct-live » mais aussi grâce à des émissions devenues cultes telles que Surtout l’après-midi, Rapdio, 4C+ ou Le plein de super : autant le Top 50 était bassement commercial, autant ces émissions étaient porteuses d’une approche exigeante de la musique et animées d’un souffle de liberté qui nous renvoyait aux origines du rock, de quoi ne pas décevoir le guignol de Jean-Pierre Coffe qui s’est un jour écrié « la musique, c’est pour tout fout’ par terre, sinon c’est pas la peine ! » Un message plein de sagesse qu’on a tendance à oublier aujourd’hui, hélas !

10-31-Autoportrait en homme-orchestre

MODE : Depuis que Le Graoully compte dans son équipe un jeune homme passionné de mode, je n’ose plus dire trop me moquer de ceux qui nous disent ce qu’il faut porter, mais je n’en pense pas moins de l’émission de « Mademoiselle » Agnès que Canal a programmée en « prime-time » pour son anniversaire ; de toute façon, que HuGold nous parle de mode de temps à autre dans un petit article, passe encore, mais vous ne ferez jamais croire qu’on puisse faire une émission de télé d’une demi-heure un tant soit peu intéressante sr un sujet pareil…

Chantal Thomass vue par votre serviteur.
Chantal Thomass vue par votre serviteur.

MÉTÉO : Canal+ a été une des premières chaînes à se passer de speakerines, mais pas de panique pour les potiches sans cervelle ni talent qui rêvent de devenir riches et célèbres grâce à leur jolie gueule, Canal a pensé à elles et leur propose encore aujourd’hui un emploi où elles peuvent faire pot de fleur en attendant qu’un producteur plein aux as les remarque, tout comme les speakerines de jadis, à savoir présentatrice de la mé… Ah, pardon, c’est vrai on dit « Miss Météo », ça fait plus sexy faute de faire croire sérieusement qu’il puisse être utile de faire commenter par une petite pétasse une carte que n’importe quel demeuré peut lire : à part pour les aveugles, je ne vois pas l’utilité, mais alors pourquoi prendre des belles plantes pour ce « travail » puisque ces pauvres non-voyants ne peuvent pas se rincer l’œil ? Vous l’avez compris, je n’ai jamais eu d’intérêt que pour la « météo très particulière » de Dominique Farrugia, qui ne nous permettait jamais d’apprendre quel temps il allait faire (de toute façon, pour ça, il y a la fenêtre) mais nous faisait bien rigoler ; mine de rien, la carrière des Nuls est étroitement liée à la météo, puisqu’Alain Chabat lui-même a commencé sa carrière sur Canal en la présentant. Curieusement, et contrairement à ce que suggère James dans le Fluide Glacial spécial Les Nuls, Chantal Lauby n’a jamais été « miss météo » : il faut dire que dans son cas, « potiche sans cervelle et sans talent » n’est pas une expression appropriée pour la définir…

Météo

MATHIEU (Mireille) : Je disais tout à l’heure tout le bien que je pensais des émissions musicales qui ont fait les grandes heures de Canal, mais niveau musqiue, la chaîne revenait de loin puisque Mireille Mathieu fut l’une de ses premières invitées musicales, conviée spécialement pour la soirée d’ouverture… Il faut s’appeler Denisot et avoir les oreilles gâtées par les gueulantes des supporters pour trouver que la naine d’Avignon a du talent ! Circonstance aggravante, Mireille Mathieu était venue peu après…Jeanne Mas. On a vu mieux comme bonnes fées pour se pencher sur un berceau ! Pas étonnant que si peu de gens croyaient en l’avenir de Canal+…

Mathieu (Mireille)

MASSENET (Ariane) : Pfff ! Encore une cruche comme on en fait peu ! Le soir où elle a interrogé Carla Bruni sur ses chapeaux, je ne suis pas près de l’oublier, faites-moi confiance ! Comme disait La Fontaine, « Belle figure, mais de cervelle point » ! Encore une potiche sans talent ni intelligence qui a fait son trou en présentant la météo, c’est ça ? Quoi ? Non, même pas ? C’était bien en tant que chroniqueuse que Denisot l’avait embauchée ? Il lui a même demandé de le remplacer le soir de la journée de la femme ? Purée, il prend sa retraite quand, Denisouille ?

Massenet (Ariane)

LESCURE (Pierre) : Depuis la fondation de Canal, Pierre Lescure s’était toujours montré un brillant meneur d’hommes particulièrement doué pour fédérer une équipe et y insuffler un souffle de liberté et de créativité ; après la démission forcée d’André Rousselet, ce brillant et prudent gestionnaire dont il était complémentaire, il se révéla un assez piètre homme d’affaires dont la gestion aventureuse et les mauvais choix de partenariats commerciaux ont largement contribué au déclin de la chaîne après dix années glorieuses ; sa plus grosse erreur reste d’avoir laissé des investisseurs rapaces, un certain Messier en tête, phagocyter sa boîte, ce qui a fini par lui coûter sa place. Il faut pourtant se garder d’accabler celui qui ne se défend même pas d’être resté un grand enfant : il a su rebondir et retrouver des activités où exploiter pleinement ses talents et ses passions et c’est bel et bien à ce grand chef sympa, ouvert et désintéressé, que Canal a dû ses plus belles années. Vous l’avez compris, cet homme-là, je l’aime : tous les humoristes de l’âge d’or de la chaîne cryptée, devenus des stars depuis, peuvent dire, comme l’ont fait les Grolandais au moment où il s’est fait virer, « Merci, Pierre, de nous avoir laissé faire tout ça » !

Lescure (Pierre)

LEMBROUILLE (Fernand) : Le 4 novembre 1994, à l’occasion du dixième anniversaire de Canal, Philippe Gildas et Antoine De Caunes marquent bien entendu le coup sur la plateau de Nulle Part Ailleurs, non seulement en se faisant plaisir en invitant Victoria Abril et en faisant revenir les Nuls dans l’émission l’espace d’une soirée, mais aussi en inversant leurs rôles respectifs : exceptionnellement, ce soir-là, Gildas joua le trublion à la place de De Caunes en interprétant Fernand Lembrouille, le père de Didier ! La performance relève plus de la curiosité qu’autre chose car, ce soir-là, ce brillant animateur qu’est Philippe Gildas se révéla un assez piètre comédien, à tel point que le sketch prend une curieuse résonnance quand on tient compte du fait que De Caunes allait quitter Nulle Part Ailleurs huit mois plus tard : tout se passe comme si Gildas avait voulu implicitement mettre en garde son complice en lui montrant que nul, pas même lui qui le côtoyait pourtant depuis des années, ne pourrait jamais le remplacer ; de fait, une fois De Caunes parti, l’émission culte de Canal+ a vite décliné, faute de pouvoir trouver un remplaçant digne de ce nom au trublion en chef. Et quand Gildas a lâché l’affaire à son tour, n’en parlons pas… Mais pour en revenir à Fernand Lembrouille, l’apparition de ce personnage éphémère sur le plateau de NPA a aussi eu l’intérêt de donner une épaisseur supplémentaire à Didier Lembrouille qui s’avéra ainsi avoir un père, donc une famille, donc un passé, donc une histoire ! Autant dire que le « plus grand fan de Dick Rivers du monde » avait du même coup acquis un degré de crédibilité dont ne bénéficiait aucun autre personnage interprété par De Caunes dans ses sketches, ce qui explique partiellement que ce loubard caricatural soit devenu à ce point emblématique de ce qu’on a appelé « l’esprit Canal » au point de justifier qu’il fût la vedette du dernier sketch de Nulle Part Ailleurs et qu’un livre qui lui était entièrement consacré, Didier Lembrouille, le dossier, fût publié.

Lembrouille (Fernand)

LEMBROUILLE (Didier) : Didier Lembrouille avait commencé sa « carrière » dans un sketch destiné à taquiner Dick Rivers en mettant en scène un des fans du chanteur. Puis ce loubard pour lequel le temps s’est arrêté à la fin des années 1950 est devenu, au sein de l’univers très policé de la télévision, une sorte de « soupape » qui prenait sur lui la responsabilité d’asséner aux vedettes des vérités bien senties qui auraient fâché dans n’importe quelle autre bouche, au point de libérer définitivement les autres acteurs du petit écran de la tentation de s’y laisser aller à leur tour. Libre à vous de penser que je lui fais beaucoup d’honneur, mais je vous assure que tel que l’interprétait De Caune, Didier Lembrouille me semblait un voyou « intelligent » dont l’agressivité avait des mobiles à la fois simples et profonds : la culture rap a fait triompher depuis un nouveau type de voyou, mais la « caillera » de banlieue, avec ses ambitions qui se limitent au profit pécuniaire maximal et aux conquêtes féminines faciles, semble bien épais et bien lourdingue en comparaison des loubards tels que Didier qui ne se bat pas pour gagner de l’argent (il a bien compris qu’il est moins fatiguant de puiser dans les troncs de l’église, et voler les curés n’est pas vraiment un crime) ni même pour se faire bien voir mais pour défendre l’image de son idole et, par la même occasion, une conception de l’honneur vis-à-vis de laquelle il ne tolère pas les écarts. Didier Lembrouille est mal élevé mais digne au sens où le laisser-aller et la résignation de ceux qui s’avouent vaincus avant même d’avoir vraiment lutté l’insupportent ; loin d’être un voyou primaire, il réfléchit avant de frapper : il n’attaque pas Michel Petrucciani sur sa taille mais sur sa musique, le traitant comme il traiterait n’importe quel autre artiste dont il n’apprécierait pas l’œuvre ; il a beau être fan de Dick Rivers, il est prêt à enterrer la hache de guerre avec Eddy Mitchell pour défendre les pauvres et il est parfaitement capable de reconnaître le génie d’un artiste comme Renaud ; il n’aime guère les aristocrates, mais que Chantal de France parte en croisade contre le FN (qu’il hait au-delà de tout) et il est prêt à pendre sa défense. Bref, la violence chez Didier n’est jamais complètement gratuite, ce loubard nous fait du bien dans la mesure où il extériorise les colères que chacun d’ente nous s’efforce de faire taire dans la vie en société : en tout homme, il y a un Didier Lembrouille qui sommeille, ce qui explique la popularité de ce personnage apparemment peu engageant.

Lembrouille (Didier)

LAPIX (Anne-Sophie) : J’ai longtemps cru (peut-être comme vous) que cette jolie blonde n’était qu’une cruche tout juste bonne à lire un prompteur, à l’instar de Claire Chazal, Laurence Ferrari et les autres « reines de l’info » comme on les a appelées à une époque. Et puis j’ai eu l’heureuse surprise, pendant la campagne des présidentielles de 2012, alors qu’elle officiait sur Canal, de la voir poser à Marine Le Pen les questions d’économie que ses collègues posaient à tous les hommes politiques mais ne posaient jamais à la chienne de Buchenwald : on a ainsi pu constater de visu à quel point l’héritière du borgne était un triple zéro en matière d’économique et ne savait répondre que par l’agressivité quand elle était mise en difficulté. En somme, Anne-Sophie Lapix a fait son travail de journaliste, ce à quoi ses collègues semblent avoir renoncé, déroulant systématiquement le tapis rouge à l’audimat qu’apporte inévitablement avec elle la charogne en chef du FN… Bref, Anne-Sophie, je vous dis bravo et j’ajoute que s’il y avait davantage de journalistes comme vous, on serait peut-être délivrés de la menace brune ! Et je ne dis pas ça parce que vous êtes carrossée comme une Chrysler ! Bon, d’accord, un peu quand même…

Lapix (Anne-Sophie)

JTN (Le) : Cette séquence mythique de Nulle Part Ailleurs a été définie dans l’ABCD Nuls comme « l’âge d’or des Nuls », ce qui était très probablement ironique de la part des intéressés : certes, ils avaient tout lieu d’être fier de leur faux journal télévisé qui mérite amplement sa place dans le panthéon des légendes de l’humour, mais si cette période, qui correspond à la saison 1987-1988, fut l’âge d’or pour le public, ce fut une autre paire de manches pour les Nuls auxquels incombait la lourde tâche d’être drôles tous les soirs, en direct, à une heure de grande écoute qui plus est dans une émission qui était toute neuve et à laquelle le succès n’était donc pas immédiatement acquis ! Dominique Farrugia ne cache d’ailleurs nullement que cette époque constitue le pire souvenir de sa vie… Rien d’étonnant qu’après ça, les Nuls aient été épuisés et aient éprouvé la nécessité de prendre une année sabbatique, laissant un vide qu’Alain De Greff tenta de combler en donnant sa chance au quatuor PAKG ainsi qu’à de sympathiques marionnettes appelées à un grand avenir… La fatigue causée par cette saison intense ne fut cependant pour rien dans la mort prématuré du génial Bruno Carette dont les deux personnages fétiches, Misou-Mizou et Jean Meyrand, avaient en commun d’être tous deux des artistes très exigeants envers eux-mêmes (l’un avec succès, l’autre avec moins de bonheur), à l’image de ce qu’était Carette lui-même, dont le souci de perfection a parfois rendu la vie dure à ses camarades : j’ai dans l’idée qu’il auraient préféré qu’il continue à les emmerder ! Carette aurait fait un Assurancetourix formidable dans l’Astérix de Chabat, je le vois d’ici chanter « Gergovie, c’était hier, pour moi aussi… »

JTN

JEUX OLYMPIQUES : Au cours de l’automne 1992, le guignol de Bernard Tapie a apostrophé celui de Charles Biétry, alors patron des sports de Canal, en ces termes : « Pendant les vacances, ils t’ont laissé les clés, tu leur as foutu les J.O-machin-chouette 24 heures sur 24 ! Alors, après, viens pas dire qu’t’aimes le cinoche ! » Personnellement, je ne vois rien à ajouter.

Jeux Olympiques

JEUX : Je n’aime guère les jeux télévisés, que j’ai tendance à voir, à tort ou à raison, comme une prothèse pour les gens qui n’assument pas de ne pas aimer jouer : je les ai longtemps envisagés comme l’incarnation même de la médiocrité télévisuelle et j’ai donc été surpris de découvrir qu’il y a eu des jeux sur Canal+, et pas des plus fins de surcroît : Les affaires sont les affaires, Star Quizz, Tout s’achète et, surtout, la Maxi Tête avec Sophie Favier… Canal en était encore à ses tous débuts et se cherchait encore une ton, visiblement…

Jeux

HISTOIRE(S) DE LA TÉLÉVISION : Après la mort de Bruno Carette, les Nuls, pour ne pas disparaître dans le deuil, se serrent les coudes et reforment une famille au sens propre comme au sens figuré : parodier la télévision pour dénoncer l’inanité de certains programmes, voilà ce dont ils faisaient leur fond de commerce depuis leur naissance (et même avant, si l’on remonte à l’époque où Chantal Lauby co-animait Bzzz sur FR3 avec Carette), n’épargnant même pas les programmes de Canal+… Mais jouer aussi les téléspectateurs des programmes parodiés, voilà qui était relativement nouveau : je me suis longtemps demandé s’il fallait avoir de la sympathie pour les Gilet ou au contraire les considérer comme des Français moyens calamiteux : puis j’ai trouvé la réponse : les deux ! Ce sont bien des français moyens calamiteux, mais ce n’est pas une raisons pour ne pas avoir de sympathie pour eux, d’autant que les Nuls, en les interprétant eux-mêmes, reconnaissent implicitement ne pas valoir mieux que les téléspectateurs des programmes qu’ils pastichent : au lieu de dire au public « on est supérieurs à vous parce qu’on se rend compte à quel point ce que vous regardez est con », ils lui disent « on sait très bien que ce que vous regardez est con, mais on le regarde aussi, vous n’êtes donc pas plus minables que nous le sommes et que celui qui ne s’est jamais laissé aller à regarder des conneries nous jette la première pierre ». En somme, tel Renaud écrivant « J’ai raté Téléfoot », ils reconnaissent être solidaires du téléspectateur lambda : la salubrité de leur humour réside en partie dans cette humanité dont ils savent faire preuve, dans leur refus de prendre les gens de haut, dans leur parti pris de se moquer d’eux-mêmes autant que des autres, ce qui peut expliquer leur phénoménal succès. « Histoire(s) de la télévision » est un programme d’autant plus intéressant qu’il peut donner lieu à tout un tas de réflexions psychologiques voire philosophiques : dans un épisode, Farrugia joue à la fois le fils Gilet et un psychopathe qui veut tuer une jeune fille interprétée par Lauby qui joue aussi la mère Gilet ; de là à dire que Farrugia campe un garçonnet qui se regarde lui-même en train de tuer sa mère, il n’y a qu’un pas ! Imaginez toutes les interprétations freudiennes que ça peut engendrer…

Histoire(s) de la télévision

HANOUNA (Cyril) : C’est sur Canal+ que j’ai vraiment découvert pour la première fois cet individu : il présentait exceptionnellement la météo du Grand journal et on pouvait donc le voir simultanément sur Canal et sur D8. Je l’ai tout de suite détesté, avec son humour « cour de récré » et son style faussement détendu qui n’est que revendication d’inculture crasse. J’ai découvert bien après, sans trop de surprise, que c’était un sale arriviste prêt à toutes les bassesses pour réussir, ce qui ne m’en rend que d’autant plus désagréable le niveau de ses blagues, typiques du type qui s’adresse au bas-ventre du public pour faire de la tune : quand on pense que jadis, Antoine de Caunes (qu’il a eu le culot de critiquer, modeste avec ça !) évoquait Molière dans ses sketches mettant en scène son personnage de Pine d’Huître et que Chantal Lauby commentait l’Odyssée dans Objectif Nul, le tout sans jamais se poser la question de savoir si le public allait comprendre l’allusion ou pas, on réalise à quel point le niveau a baissé en une vingtaine d’années à peine : étonnez-vous que le FN monte, avec cette génération d’abrutis, tiens !

10-12-D8

Voilà, nous venons de finir la deuxième partie de notre abécédaire à rebours sur Canal+, je vous donne rendez-vous demain pour la suite et la fin. Ad’taleur…

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