Le journal du professeur Blequin (15)

Dimanche 24 décembre

20h : Réveillon de Noël en famille ; la conversation va bon train et embraie, je ne sais plus trop comment, sur la question des espèces qui refont leur apparition en France et en Europe après avoir bien failli disparaître comme le loup, le chacal ou le castor : concernant ce dernier, ma mère m’explique l’une des raisons pour lesquelles ce sympathique constructeur de barrages a été chassé, notamment chez nos cousins québécois. Comme vous le savez, l’Eglise interdisait la consommation de viande le vendredi qui était donc dédié au poisson. Or, les ecclésiastiques, dans leur ignorance crasse de la biologie, avaient décrété, sous prétexte qu’il est un animal aquatique doté d’une queue recouverte d’écailles, que le castor était un poisson ! Ce qui voulait dire que les bonnes gens, dans leur ignorance encore plus crasse (et savamment entretenue par lesdits ecclésiastiques), étaient autorisés à chasser le castor pour s’en nourrir ! Il faut croire que ça n’a pas laissé un souvenir impérissable aux papilles des consommateurs, sinon on verrait aujourd’hui des chefs-cuisiniers toqués (au sens propre comme au sens figuré) en proposer à la Béchamel ou à la Gribiche à leurs tables pour snobs… Il n’empêche que par sa bêtise, l’Eglise a favorisé (mais pas provoqué, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit) le massacre d’une espèce animale : les curés pourrissent vraiment tout ce qu’ils touchent !

Lundi 25 décembre

10h : Après les agapes du réveillon, lever sous un temps lamentable (pluie, vent, crachin…) qui n’est pas fait pour calmer le rhume que je me trimbale depuis quelques jours ; ça ne m’a pas empêché de réveillonner mais ça gâche quand même un peu la fête et je me demande pourquoi ces connards de curés ont décidé de fêter la naissance de leur idole en plein hiver, nous obligeant à sortir alors qu’il fait froid et que l’air est plein de microbes : après tout, la plupart de leurs adeptes sont tellement cons qu’ils auraient pu leur faire croire que Jésus était né en été, ils l’auraient cru ! Mais je me rappelle que ça ne pouvait pas aller : pour imposer leur fiesta, les corbeaux se sont bornés à récupérer des festivités qui existaient déjà, en l’occurrence celles qui était organisées pour le solstice d’hiver, quand les jours commençaient à rallonger et annonçaient ainsi le retour de la belle saison. En clair, quand on fête Noël, on ne commémore moins la naissance du « crapaud qui gueulait Je t’aime » (selon l’expression bienvenue de Thiefaine) qu’on ne célèbre la fin de cette période où ce fainéant de soleil (qui ne travaille déjà pas beaucoup en Bretagne) se recouche à peine levé : vu ainsi, effectivement, il est légitime de fêter ça et ça me rappelle que mon rhume n’est qu’un mauvais moment à passer : je ne peux pas dire autant, hélas, de ce fléau qu’on appelle religion !

21h : Pour m’endormir malgré mon rhume, je feuillette les livres que j’ai reçus en cadeaux : je suis un peu déçu par les approximations que je découvre dans les légendes du Journal des présidents de Cabu, heureusement compensées par le talent indépassable de mon maître à dessiner (dont je n’aime pas parler au passé) ; on peut se passer de lire la préface Philippe Val qui finit en queue de poisson. Quant à l’anthologie d’Edika éditée par Fluide Glacial, je constate que l’histoire préférée d’Eric et Ramzy fait aussi partie des miennes ! Shame on me !

Cabu (à droite) et moi.

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