Le journal du professeur Blequin (16)

Jean-Claude Fournier vu par votre serviteur.

Mardi 26 décembre

21h : Avant de dormir, je lis le deuxième tome, qu’on m’a offert à Noël, de l’intégrale de Bizu, la merveilleuse bande dessinée de Jean-Claude Fournier, et je découvre ainsi les deux épisodes réalisés pour les éditions Fleurus dans les années 1980 ainsi qu’un troisième album laissé inachevé qui devait compléter ce cycle au cours duquel Bizu et son ami Schnockul rencontrent une très jolie mais très méchante fée appelée Keryna. Cela dit, Keryna n’est pas vraiment méchante ni même vraiment une fée : il s’avère en effet qu’elle est sous l’emprise du « signe d’Ys », un médaillon maléfique qui fait d’elle une méchante magicienne. Aussi, quand le signe d’Ys est anéanti, la fée malveillante disparait et Keryna n’est plus qu’une jeune fille comme les autres, juste plus jolie que le moyenne et, ce qui ne gâche rien, tout à fait aimable et souriante. Ah ! Si seulement les jolies filles devenues méchantes à cause de leurs mauvaises influences pouvaient être « récupérées » aussi facilement : on aurait ainsi une chance de rendre fréquentable Marion Maréchal-Le Pen… Quoi qu’il en soit, la joliesse de Keryna dans les planches de mon illustre compatriote breton m’a subjugué au point de faire naître en moi l’envie irrépressible de dessiner de jolies filles, et je me suis levé de mon lit pour retrouver mon bureau de dessin ! L’enchanteur Fournier n’aura pas fait beaucoup pour le sommeil de ses lecteurs… 

Mercredi 27 décembre

10h15 : Ségolène Royal critique l’action du gouvernement pour l’environnement ; ça me donne l’occasion d’apprendre qu’elle est ambassadrice des pôles, ce qui est assez normal pour une pingouine !  Restons dans la religion : les Femen se sont introduites dans la crèche de Noël du Vatican et se sont emparées du petit Jésus. Je ne vois pas qu’il y a de choquant : pourquoi n’y aurait-il que Jésus qui aurait le droit de se montrer torse-poil, hein ?

19h55 : Je m’étais déjà fait traiter d’inculte pour avoir dit tout le mal que je pensais de Dieudonné ; aujourd’hui, on m’a ressorti la même insulte pour avoir mis en ligne, à l’occasion de l’anniversaire de Gérard Depardieu, un dessin où j’ironise sur la corpulence de l’acteur… Vous allez me dire que ce n’est pas bien de rire du physique des gens : je vous répondrai que c’est moins l’apparence de Depardieu que je visais que ce qu’elle révèle de sa personnalité. On me reproche d’oublier ce que le cinéma français doit à « Gégé » : c’est que je n’oublie pas que derrière le monstre sacré du 7è art, il y a une brute avinée et rapace prête à manger à tous les râteliers, fussent-ils servis par des truands sans scrupules voire par des dictateurs sanguinaires, et ça, aucun talent artistique ne peut l’excuser, pas plus que les talents (tout à fait réels) de comédien de Dieudonné ne peuvent excuser ses délires antisémites et négationnistes : en fait, celui que l’on traite d’inculte, c’est souvent quelqu’un qui refuse d’oublier ce que les snobs et les veaux s’efforcent d’ignorer, ça peut donc être aussi celui qui refuse de s’extasier sur la « beauté » de la corrida et ne parvient à y voir qu’une infâme boucherie…

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