Le journal du professeur Blequin (18)

Samedi 30 décembre

21h : Plus qu’une fois dormir et on entame une nouvelle année ; pour ma part, je l’entamerai moins bête puisque j’ai appris récemment le principe de l’assurance-chômage : je l’avoue, je pensais que c’était le contribuable qui payait ! En fait, l’indemnité que touche le chômeur, c’est de l’argent qu’il avait lui-même mis de côté quand il travaillait ! Il ne vole donc personne et ne fait que récupérer ce qui lui est dû : mais pourquoi ne l’avais-je pas appris plus tôt ? Pourquoi ne me l’avait-on jamais dit, et surtout pas aussi clairement ? Est-ce à dire qu’on tient absolument à faire croire que les chômeurs sont des parasites vivant aux crochets de la société ? Mais non, ça ne tient pas debout : qui pourrait avoir besoin de nous faire gober une énormité pareille ? Certainement pas le pouvoir qui, comme chacun sait, n’a aucun intérêt à dresser les citoyens les uns contre les autres, et encore moins les patrons qui ne demandent pas mieux que créer des emplois mais qui étouffent sous les charges sociales…

Dimanche 31 décembre

11h : Sauf erreur de ma part, j’ai le sentiment qu’à la veille de l’année nouvelle, une certain pessimisme habite mes semblables ; pourtant, il n’y a pas que des raisons de s’inquiéter : en 2017, on a quand même échappé à Marine Le Pen, Donald Trump est de plus en plus désavoué, y compris dans les Etats américains les moins progressistes comme l’Alabama et, last but not least, on est débarrassé non seulement de Johnny-la-serpillière mais aussi du spectacle navrant de ses obsèques démesurément fastueuses : il était fatal qu’il bénéficiât de cet hommage national, mais ce n’est désormais plus qu’un mauvais souvenir et il y a fort peu de chances pour qu’il y ait récidive d’une telle insulte à l’intelligence étant donné qu’aucune vedette du show-business français, pas même Depardieu, ne bénéficiait de la même aura populaire…

Lundi 1er janvier 2018

16h30 : Je ne voudrais pas paraître obscènement positif, mais je la sens plutôt bien, cette nouvelle année : d’abord, ce sera une année sans élections, ça va nous reposer, et il n’y en aura pas avant 2020 à part les européennes dont tout le monde se fout. De surcroît, les mesures de Macron auront eu le mérite (un seul, mais de taille) de recentrer le débat public : on reparle enfin des vrais problèmes de société et au diable les polémiques bidon sur l’identité natiocouille de mes deux nales ! Certes, le gouvernement essaie bien de détourner l’attention en tapant sur les immigrés, mais apparemment, ça ne fait plus recette et surtout, ça montre que l’équation « ennemi des immigrés = ami du peuple » est complètement bidon ! Bon, on n’en est pas encore à un grand mouvement de contestation sociale où toutes les victimes du capitalisme sauvage, immigrés compris, crieraient leur colère… Disons qu’on en est déjà un peu moins loin. C’est pour ces raisons, et aussi parce que je pars du principe que tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, que je ne vois rien d’incongru à t’adresser, ô hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère, ces trois mots simples et pourtant pleins de sens : Bonne année 2018 !

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