Mercredi 21 mars
12h : L’actualité est pleine comme un œuf et je trouve de la matière pour aérer mes crayons, mais ce qui m’affecte le plus, c’est l’extinction du rhinocéros blanc : le dernier mâle vient de mourir à 45 ans et les deux dernières femelles ne peuvent même pas être inséminées artificiellement, elles sont stériles… Dimanche dernier, Alain Boulaire, comparant les bombardements de Brest en 1944 à ceux du Proche-Orient aujourd’hui, n’a pas pu s’empêcher de dire, parodiant monsieur Prévert : « Oh, Barbara, quelle connerie les hommes ! » Toute une espèce animale rayée de la carte pour donner à des vieux cons pleins aux as le faux espoir d’une vigueur sexuelle retrouvée ! Une cause comique aux effets tragiques ! L’homme court à sa perte mais il s’est visiblement promis de ne pas être seul à partir et d’emporter toutes les autres espèces dans la tombe !
A écouter : « Les rois des animaux », la chanson de GieDré vantant, au cent-millionième degré, la puissance des humains. 
13h : Une amie qui a un pied en France et un autre en Allemagne m’apprend qu’à l’est de la frontière, certaines routes n’ont pas de limitation de vitesse… J’entends déjà les germanophiles imbéciles vanter la « discipline » de la société allemande qui se passerait de règlement coercitifs pour fonctionner. D’abord, avec le méli-mélo politique de ces derniers mois, on peut raisonnablement avoir des doutes concernant le caractère fondé de cette flatteuse réputation de nos amis d’Outre-Rhin ; ensuite, mon amie m’a avoué qu’elle avait une peur bleue de rouler en Allemagne et préférait prendre le train pour aller à Berlin car les routes germaniques sont un paradis pour les amateurs d’émotions fortes qui doivent cependant assumer le risque de ne pas revenir entiers… Discipline allemande, mon cul ! Je l’ai dit, je le répète, la nationalité d’un individu ne détermine pas sa conduite et vous ne me ferez pas croire qu’être né à l’Est de la frontière nous fait acquérir automatiquement le gène du conducteur prudent !
Jeudi 22 mars
10h : Consultant mes mails, je reçois une proposition de Pôle Emploi pour un boulot…dans l’informatique ! Beurk, beurk, beurk et re-beurk ! Recevoir ça une semaine après avoir clamé dans un amphithéâtre que les aspis n’étaient pas tous des experts en informatique et que je ne voulais en aucun cas d’un « métier de geek »… Je leur avais précisé que j’étais « docteur en sciences humaines et sociales » parce que c’était moins restrictif que « docteur en philosophie antique » mais, apparemment, c’était trop général, et quand ils lisent « sciences », ils ne cherchent pas plus loin et s’imaginent qu’il s’agit nécessairement de physique, de chimie ou d’ingénierie, ce qui prouve bien qu’ils ne prennent même la peine de lire les CV ! Et on s’étonnera que les gens soient en colère et le fassent savoir ! Rien que pour ça, je ne reprocherai pas aux cheminots de faire grève : j’en suis quitte pour prendre un co-voiturage pour le trajet que je devais effectuer, ce n’est pas la fin du monde ! Et les sanctions de Pôle Emploi si je refuse cette offre, me direz-vous ? Ne vous tracassez pas : je ne risque pas de perdre mes allocation, ça fait des mois que je n’en ai plus !
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