Le journal du professeur Blequin (30)

Jeudi 28 novembre

12h : Ce matin, j’avais rendez-vous au Relecq-Kerhuon pour y découvrir une exposition en vue d’un petit article dans Côté Brest : mon hôte m’en aura fait faire le tour en un quart d’heure. Pour faire la route de chez moi jusqu’au Relecq en bus, ça m’a pris, en comptant le temps d’attente, trois quarts d’heure, et idem dans l’autre sens. Une heure et demie de route pour une entrevue d’un quart d’heure : si les communes qui entourent Brest étaient mieux desservies, on encouragerait peut-être davantage les gens à ne plus utiliser systématiquement leur voiture…

Ali Jamshidifar vu par votre serviteur.

Vendredi 29 novembre

15h : Conférence d’Ali Jamshidifar, un caricaturiste iranien exilé en France. Il a fui son pays natal suite à la condamnation infligée à son journaliste de frère et aux menaces qu’il a lui-même reçues : là-bas, le pouvoir voit des ennemis partout et ne laisse jamais tranquilles les intellectuels et les artistes ! Si on connaissait mieux les pressions que subissent au quotidien les Iraniens, on cesserait enfin de prendre au sérieux les gros beaufs de chez nous qui clament « on ne peut plus rien dire » sous prétexte que les femmes, les homos, les noirs, les Arabes et les handicapés ont enfin le droit d’ouvrir leur gueule quand ils sont offensés ! Monsieur Jamshidifar est aussi revenu sur les difficultés qu’il a eues à son arrivée en France, sans un sou et ne parlant quasiment pas français : il a vécu sous la tente, en plein Paris ! En voilà un, au moins que vous n’oserez pas traiter de sale bourgeois s’il a le malheur de ne pas vouloir participer à la dédiabolisation de l’extrême-droite, hein ? Quoique, après tout, j’y ai dû droit moi aussi malgré mon faible niveau de vie, alors vous ne seriez pas une incohérence près ! Traitez-le de nanti lui aussi, si vous l’osez ! Ne vous gênez pas, c’est un immigré, il ne pourra pas vous répliquer, la loi est de votre côté, vous les bons Français auxquels on ne demande jamais leurs papiers mais qui souffrez tellement ! Mais je m’énerve… Vous l’avez compris : le témoignage de mon collègue perse me conforte dans l’idée que l’homme occidental est un enfant gâté devenu aveugle.

17h45 : Je rentre enfin dans mon quartier. Je dis « enfin » car la route du retour a été deux fois plus longue que d’habitude, à cause des bouchons. J’avais pourtant pris la ligne la plus directe, histoire d’éviter l’autre qui était ralentie ce matin par une queue inexplicable au niveau de la pompe à essence d’un supermarché. Quand je descends du bus, je constate qu’on a lâchement profité du fait que les arbres n’aient plus de feuilles pour recouvrir leurs branches de guirlandes lumineuses… On nous répète que les rejets de CO² ont atteint un seuil critique, mais on ne fait rien pour ça change : si on tenait compte sérieusement des dernières nouvelles concernant l’état de la planète, tout le monde prendrait les transports en commun et on fêterait Noël à la bougie ! Je ne suis pas près de retirer ce que je viens de dire sur l’homme occidental…

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