Le journal du professeur Blequin (62)

Samedi 29 février

14h30 : Saviez-vous qu’il fut un temps où, quand on achetait quelque chose par correspondance, on était livré à domicile par un fonctionnaire assermenté qui était légalement tenu de respecter votre adresse ? Oui, j’en parle au passé car, aujourd’hui, les frais postaux sont tellement chers (il est tout de même ahurissant de constater que le timbre vert sera bientôt à plus d’un euro !) qu’on est obligé, pour ne pas dépenser une fortune en frais de port, de se faire livrer par des sociétés privées qui exploitent des travailleurs précaires payés au lance-pierre, lesquels ne vont donc pas se fouler et peuvent bâcler le travail au point de vous annoncer l’arrivée d’un colis qui ne vous est finalement pas destiné, ce qui vous fait vous déplacer pour des prunes – ça vient de m’arriver. Parce qu’en plus, et c’est là que je voulais en venir, il faut aller le chercher soi-même chez un petit commerçant, souvent situé à une demi-heure de bus de chez soi (les autres « points relais » qui vous sont proposés sont encore plus éloignés) , et qui fait dépôt de colis pour survivre, quitte à faire un boulot qui ne l’intéresse pas et pour lequel il n’est même pas formé… Vous me direz qu’on est pas obligé d’aller chercher le colis dès qu’il est arrivé et qu’on peut attendre une occasion de passer dans le quartier pour autre chose : certes, mais quand on a peur d’être en retard et / ou qu’on a besoin de son colis dans une certaine urgence (je suis souvent dans les deux cas à la fois), on n’a pas tellement d’autre choix… Bref, c’est déjà assez inconfortable aujourd’hui d’acheter par correspondance. Et il faut, par-dessus le marché, que les vendeurs vous arnaquent ; j’essaie actuellement de compléter ma collection de Fluide Glacial (il m’en manque à peu près 90) : non seulement j’ai essuyé quatre refus de fournir en moins d’une semaine (quand on n’a plus le produit à vendre, ça ne sert à rien de laisser l’annonce en ligne !) mais, par-dessus le marché, j’ai déjà reçu deux numéros amputés d’une voire six pages ! Ces récents déboires sont représentatifs d’un jemenfoutisme généralisé qui m’horripile au plus haut point : je sais que nous vivons dans un monde anxiogène, mais ce n’est pas une raison pour se laisser aller au point de négliger le respect minimal d’autrui ! Non ?

Lundi 2 mars

16h : Après un dimanche sans histoire, il a bien fallu que je ressorte de ma tanière, mais je viens de faire ce que je n’avais encore jamais osé : quitter une réunion prématurément. La question qui me concernait directement venait d’être traitée, je n’étais pas compétent pour la seconde, je suis parti : ça a l’air simple, mais pour moi, ça ne l’est pas, et je me sens aussi coupable que si je faisais l’école buissonnière… Une fois rentré chez moi, je trouve mon Fluide Glacial (comment ça, « encore » ?) dans ma boîte aux lettres : il y est joint un petit livret donnant un aperçu de deux albums parus récemment ; d’après le mot du rédacteur en chef qui  est joint, c’est pour me remercier de ma fidélité en tant qu’abonné. Que dire ? Que c’est bien aimable.

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