Vos gueules ! On souffre déjà assez !

Lundi 6 avril, 16h. J’étais en train de tuer le temps en travaillant sérieusement à mon projet de livre sur Hergé que je remettais toujours à plus tard ; quitte à être confiné, autant en profiter pour faire avancer ses projets. J’étais en pleine écriture forcenée quand, tout a coup, mon téléphone a émis la sonnerie d’usage pour m’annoncer que j’avais un SMS. Par les temps qui courent, je préfère ne pas faire attendre mes éventuels correspondants qui peuvent avoir des choses importantes à m’annoncer ; même si c’est « juste » un être cher qui me donne de ses nouvelles, ça devient important ! Je décroche et je dois déchanter : encore un message d’une institution ! Cette fois, c’est mon fournisseur d’électricité, dont je tairai le nom, qui tient absolument à me faire savoir qu’il est avec moi dans ces circonstances difficiles, que ses agents font tout pour que que j’aie toujours l’énergie dont j’ai besoin et gnagnagni et gnagnagna.

Alors comment dire sans être grossier ? Et d’une : si je devais être privé de courant dans la période que nous traversons, je n’en serais pas étonné outre mesure et je ne pourrais en tenir rigueur à personne, j’estime que c’est déjà un miracle que l’eau, le gaz et l’électricité fonctionnent aussi bien, ça prouve que les agents font bien leur travail (je ne sais pas combien ils sont payés mais ce n’est sûrement pas assez). Et de deux : si une coupure d’électricité devait se prolonger, ou bien ce serait une panne de secteur et je prendrais mon mal en patience, ou bien je serais seul concerné et alors j’ose penser que je serais assez grand pour le signaler tout seul à qui de droit. Et de trois, enfin et surtout : je SAIS déjà que la situation est sérieuse, ce n’est PAS LA PEINE de me le rappeler touts les cinq minutes, figurez-vous que presque toutes les entreprises avec lesquelles je suis en contrat, quasiment toutes les administrations avec lesquelles j’ai affaire pour une raison ou une autre m’ont déjà envoyé au moins un message du même acabit que le vôtre, et figurez-vous aussi que ce n’est pas la fréquentation de ces messieurs-dames qui me manque le plus en ce moment ! Alors faites votre boulot du mieux que vous pouvez mais lâchez-moi la grappe et laissez-moi confiner tranquille !

On me rappelle déjà assez souvent la situation, à tel point que je me demande si je ne vais pas mourir de dépression nerveuse avant que le coronavirus ne me tue ! Rien que sur le site de la Poste, on découvre une annonce pour de nouveaux timbres (à imprimer chez soi, évidemment) avec des accroches imbéciles : « Tous ensemble » et « Soyons forts et unis » alors qu’on doit s’isoler et rester séparés même des gens qu’on aime… Mais ça n’a aucun sens ! Je pose une question : tous ces conseillers en communication et en marketing, rémunérés au prix fort par les entreprises (publiques ou privées) alors que les agents qui font vraiment tourner la machine sont payés une misère, est-ce qu’ils ne seraient pas un peu… Heu non, laissez tomber : ce n’est même pas une question, en fait !

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