J’ai fait ce dessin simplement pour le clin d’oeil – ah ! ah ! – car il ne renvoie pas à la réalité du roman, dans lequel Cyrano explore un monde renversé par rapport à celui qui existe sur terre : les jeunes commandent aux vieux, les gens marchent à quatre pattes, montrer son sexe est plus valorisant que de montrer son épée…autant d’incongruités apparentes qui prêtent à rire dans un premier temps mais qui semblent tellement aller de soi pour les sélénites (habitants supposés de la Lune) qu’on ne peut pas s’empêcher de se demander si les usages terrestres sont vraiment aussi évidents qu’on le croit. C’était d’ailleurs là le but de Cyrano en écrivant cette oeuvre : dans la société de son époque, la superstition, l’intolérance et le fanatisme religieux régnaient en maîtres. Aussi l’écrivain voulait-il inviter le lecteur à prendre de la distance par rapport à ses préjugés. Une oeuvre à forte potentialité subversive et éducative, mais en même temps, très plaisante à lire, et qui range Cyrano dans la catégorie des grands humoristes français. Humoriste qui, par ailleurs, illustre bien l’idée que je me fais des humoristes : comme ils prennent de la distance avec tout, ne prennent rien au sérieux, ils ont souvent l’inquiétant pouvoir d’entrevoir des vérités insoupçonnées de leurs contemporains, et font preuve d’une lucidité qui confine parfois à l’inspiration prophétique. Ainsi, Cyrano, dans son Voyage sur la Lune, imagina, des années voire des siècles avant leur réalisation effective, la montgolfière, le parachute, et même le phonographe. Lisez plutôt :
Etonnant, non ? Allez, kenavo !
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