L’enfer du dimanche

 

 

« Le pouvoir, c’est l’impuissance »

Charles de Gaulle

 

Mais pourquoi diable Sarkozy a t-il choisi un dimanche soir pour nous infliger l’annonce de nouvelles mesures qui vont sauver le monde pendant au moins une semaine? Même le Créateur dudit monde reste tranquillement dans ses pénates le dimanche pendant que ses disciples vont se barbouiller l’estomac d’une rondelle de pain azyme sans même un bout de fromage. Moi-même le dimanche je ne prends pas le risque de m’éloigner de plus de quelques mètres de mon canapé. Mais attention, ne nous méprenons pas, je ne me prends pas pour Dieu.

D’abord, si j’étais Dieu, je n’obligerais pas mes fidèles à se lever le weekend pour communier: je créerais une ligne de téléphonie mobile avec un forfait prière illimité. Si j’étais Dieu, je ne permettrait pas qu’on se batte pour savoir qui de la gauche ou la droite est la plus compétente pour nous sortir du bourbier où elles nous ont soigneusement enfoncé. J’interdirais la guerre, et j’obligerais les belligérants à régler leurs conflits dans un grand tournoi de ping pong. Si j’étais Dieu, j’empêcherai les enfants de draguer mes curés, et on ne gagnerait plus sa vie à la sueur de son front, mais le travail serait réservé aux horribles pervers qui se complaisent dans la monogamie. Mais je digresse, je digresse, car je viens de voir Valérie Damidot à la télévision, et comme le dirait Rocco Siffredi, ce n’est pas en s’éloignant du sujet qu’on va pouvoir l’introduire.

Après la semaine médiatique de François Hollande, c’est donc au tour du parti majoritaire de porter la controverse. L’UMP s’est réunie en congrès avant-hier pour fustiger la démagogie et l’irresponsabilité du candidat socialiste, qui ne pense qu’à creuser les déficits et à faire entrer des immigrés qui vont salir notre beau drapeau français dont la sobriété rectiligne dans le symbolisme eut fait palir d’envie Mondrian. Les ténors de la majorité qui se sont succédés à la tribune ont dû se livrer à un exercice de rhétorique assez casse-gueule, puisqu’il s’agissait de démonter le programme de Hollande, tout en soutenant l’action de Sarkozy, et d’échafauder des ébauches de programme, mais sans vraiment parler de la candidature du Président pour éviter d’intégrer la sauterie aux comptes de campagne du futur candidat mystère. Il s’agissait enfin de préparer le terrain pour l’allocution élyséenne de ce soir. La parole présidentielle est rare, et ces salauds de journalistes qui sont tous de gauche n’arrêtent pas de tout critiquer, aussi fallait-il mobiliser six chaînes de télévision pour rectifier le tir, et quatre journalistes qui sont des parangons de neutralité et des hérauts de l’investigation sans concession, pour bien montrer que le droit à l’information est une liberté fondamentale.

Or depuis que le grand cancérologue Laurent Wauquiez a réinventé la lutte des classes en opposant les classes moyennes au capital et au prolétariat, et depuis qu’un de ses collègues a qualifié le Fouquet’s de « brasserie populaire » (menu à partir de 75 euros sans compter l’ineffable joie de pouvoir y croiser Robert Hossein qui goûte tant le Merlan Colbert), la droite est un peu perdue dans la sociologie de son électorat. La classe moyenne est devenue l’objet de toutes les attentions de la part de l’UMP, qui se sait larguée chez les prolos qui ne se délectent que trop rarement de la gastronomie des brasseurs des Champs Elysées tant leur palais s’est corrompu au contact des brouets vendus chez Lidl Price et Mac Donald’s. La droite se sait également en perdition dans le monde de la culture, tant Hadopi ne protège rien du tout et tant les subventions à la création non soumise se font chiches. C’était bien la peine de faire Patricia Kaas chevalier (ou chevalière?) des Arts et des lettres pour si peu de reconnaissance. Et la droite n’est pas non plus en odeur de sainteté dans le monde la finance, après avoir fait semblant de vouloir une taxe sur les transactions financières

A moins donc que vous ne soyiez fan du brushing de Laurent Delahousse, pas la peine de vous abîmer les yeux devant le poste ce soir, puisque l’Elysée a déjà publié les grandes lignes des propositions qui seront faites ce soir. Tout à son oeuvre de reconquête des masses laborieuses mais pas trop qui sont régulièrement prises en otage par les grèvistes, le candidat potentiel évoquera une hausse de 1,6 point de la TVA, pour transférer des charges des entrepreneurs et des salariés vers les consommateurs. Parole de président du pouvoir d’achat, ces mesures courageuses associées à une flexibilité accrue du travail devraient ramener les assistés oisifs sur le chemin de l’emploi, et empêcher la France de se « vider de son sang industriel ». Si quelqu’un a déjà observé une baisse des charges créer le moindre emploi en France, contactez d’urgence un ophtalmologiste car vous souffrez de graves hallucinations. La preuve, même de nombreux membres de l’UMP, et pas des plus portés au social, trouvent cette initiative suicidaire dans un pays où la consommation est en berne et où l’industrie représente à peine 15% du PIB contre presque 25% en Allemagne. Contresens politique, après la succession des plans de rigueur, et contresens économique, puisque rien n’est proposé pour créer de nouvelles industries à haute valeur ajoutée en misant sur la recherche et la protection de l’environnement.

Sarkozy bénéficie tout de même du soutien d’Angela Merkel, qui sait pourtant ce qui est arrivé à Gerhart Schroeder quand il a voulu jouer la rigueur et le sacrifice à trois mois des élections, puisque c’est précisément là qu’elle est arrivé à la Chancellerie. Voila un soutien de corde de pendu qui devrait inciter le Président à penser que bientôt son cou saura ce que son cul pèse.

Dans un prochain épisode, nous vous conterons les aventures de la princesse Marine, qui lors d’une valse tourbillonante avec des néo-nazis à Vienne, se trouva fort marrie lorsque le prince qu’elle couvait des yeux, préféra se changer en crapaud plutôt que de l’embrasser.

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