Les marathoniens vous remercient

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Ils partirent à trois pour enlever un record à une radio nancéienne et ainsi laver l’honneur de la cité messine, et par un prompt renfort du destin, ils furent bientôt un sacré paquet à discuter de musique, de politique, d’engagements et à déconner à plein tube autour quatre micros indociles.

Ami(e)s qui peinez à regagner votre couche à l’issue d’une journée de chômage ou de travail bien remplie, vous ignorez votre chance. En tant qu’insomniaque pathologique, j’étais persuadé que les 42 heures 19 minutes et 50 secondes d’antenne à ingurgiter pour que Graoulive, notre radio à nous où nul Cauet ni nul Hanouna ne vient salir les ondes de  sa grossière logorrhée, devint le nouveau détenteur du record seraient une partie de plaisir. Je pensais que deux journées quasi-complètes à tailler le bout de gras avec nos copains et nos invités, avec la médiation de quelques boutanches pour s’hydrater la glotte, ne seraient pas la mer à boire, d’autant plus que l’eau de mer est dégueulasse alors que le pinard et le rhum arrangé réjouissent le palais de l’honnête chroniqueur. Je pensais, après avoir rédigé plus de deux cents chroniques immondaines que mes réserves de questions étaient aussi insondables que ma curiosité enfantine, et que l’humour qui m’a rendu célèbre de l’angle de la Chandellerue à la boulangerie d’en face était indissoluble dans la fatigue.

Hélas, j’étais d’une naïveté confondante, j’étais de la même candeur qui pousse le petit enfant à accepter les bonbons du monsieur tout nu sous son imperméable, de l’ingénuité qui pousse l’électeur à voter socialiste en croyant voter à gauche, de la crédulité qui incite l’animal à chercher la caresse de l’Homme alors que la plupart du temps il se prendra une torgnole. Bref, j’étais insouciant: quarante-deux heures, c’est très dur. On est fatigué, on est un peu saoûl, les mots et les pensées se bousculent comme les pintades un jour de soldes, les invités qui se succèdent voient bien qu’on est presque aussi laid que François Fillon un jour de dépression, et parfois on doute, on se demande si on va y arriver et pourquoi on doit toujours se comparer à Nancy qui après tout est plus proche de nous que ces salauds d’Alsaciens.

Et après, on se rend compte que cette inconscience de la difficulté fait partie des ingrédients indispensables à la réalisation de n’importe quelle performance. En plus, on avait le droit de se doper comme on voulait, ce qui épargnera les révélations fracassantes à la Jalabert dans une dizaine d’années. Mais ça n’est pas tout. Pour rester dans la métaphore culinaire (inspirée le groupe My Perfect Body) et faire un bon cake au record il faut également:

– un festival aussi sympa que Sur La Remorque Du Pat à Maizeroy, où les organisateurs nous ont mieux reçu que Nicolas Sarkozy à l’université d’été du Medef, avec une programmation solide, une équipe avec qui on a plaisir à collaborer et un cadre à l’échelle humaine. Et ce qui ne gâche rien, des frites sans sel et des toilettes sèches irréprochables.

– des invités musicaux, qui n’étaient pas tous à l’affiche du festival, mais qui ont eu la gentillesse de nous accorder quelques minutes et souvent de nous faire marrer. Avec en ce qui me concerne, une mention spéciale à My Perfect Alien, pour les révélations sur l’anatomie de la chanteuse et sur leurs problèmes psychologiques (si,si, ne niez pas), à CrisDi quand bien même on a eu beaucoup de mal à régler nos micros quand ils jouaient à cinq mètres de nous, à My Perfect Body pour l’invention de la recette du space croco (disponible sur demande à l’adresse de la rédaction), et à notre marraine Liza Louise.

– des associations, dont on ne cesse de souligner l’indispensable travail dans ces lignes: nos amies de Vivre avec le SED, les Poolettes à qui je confie la gestion de mes organes quand je passerai de vie à trépas et s’il reste quelque chose d’utilisable, et tous ceux que je ne cite pas faute du même courage que celui les multiples bénévoles font preuve pour mener leurs projets, mais qu’on n’oublie pas pour autant.

– des invités politiques de gauche comme de droite, avec qui on a eu des discussions plus intéressantes que, au hasard, un débat entre Christophe Barbier et Eric Zemmour, même et surtout quand on n’était pas d’accord. C’est pas sur RPL qu’on aurait pu faire ça, je dis ça je dis rien.

– des excellents amis graoulliens, qui sont venus grossir nos rangs, qui nous ont subi, soutenu sans faille, qui ont pris soin de nous comme si l’on était un panier de petits chatons mignons même quand on avait des gueules à jouer sans maquillage dans un film de zombies de Romero, qui ont fait le catering, le café, les clopes et avec le sourire s’il vous plaît.

– et surtout, deux indispensables copains, mes petits lapins Mika et Jérôme sans qui rien de tout cela ne serait arrivé comme on dit à la remise des Oscars.

Secouez bien mais pas trop parce que j’ai encore de l’alcool dans le sang, et vous obtiendrez un marathon du Graoully réussi, quelles que furent les conditions climatiques, les galères avec notre hébergeur et les micros à régler toutes les cinq minutes, ou encore les membres et le cerveau qui décident de mener chacun une existence indépendante quand vous essayez de les rassembler. Et au bout du compte, quand on passe la ligne d’arrivée, on n’est même plus fatigué. On aurait presque envie de continuer un peu parce qu’on est bien là.

Et encore un peu après, on se la pète un petit peu d’être recordman de quelque chose, mais finalement on s’en bat les steacks. On a passé un bon moment tous ensemble, et j’espère que les auditeurs et nos invités aussi. Parce que c’est tout ce qui compte.

2 comments on “Les marathoniens vous remercient

  1. Eh tu nous dis que tu étais fatigué après ces 42 h, 19 mn et 50 secondes…….j’ai peine à te croire car tu as de beaux restes……, compte rendu détaillé, (pas trop quand même !) quelle plume, comme toute l’équipe du Graouilly.
    Vous avez bien assuré et VIVRE AVEC LE SED n’est pas peu fière d’avoir participé à cette aventure……

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