Le pays aux vermeils

BlackSabbath_2013_13_coverAlice, ton pays aux vermeils existe bien, je l’ai vu, j’y viens…

Ne me demande pas comment j’y ai atterris, ce serais trop long à t’expliquer. J’ai pas le temps pour tout te raconter et t’as pas que cela à faire.

Bref, toujours est il que mon fidèle hound et moi, nous nous sommes retrouvé au cœur d’un village peuplé exclusivement de vieillards, le pays des cartes vermeils. Le genre d’endroit où à l’heure de questions pour un champion, les rues sont désertes et où tu pourrais tranquillement te faire lyncher si jamais tu osais seulement penser du mal de Derrick.

Une sordide histoire de crime, un pauvre routard retrouvé égorgé avec son chien décapité à ses cotés. Comble de l’horreur, la tête dudit cabot trônant fièrement sur la mât central de sa toile de tente. Voilà ce qui m’amena dans ce bled paumé.

L’enquête s’annonçait plutôt compliquée tellement les lèvres des ancêtres paraissaient cousues. Ici, on ne parle pas, on règle nos affaires nous même, tu vois le genre Hector !? J’aurais plus facile à faire parler une momie qu’un ce ces autochtones.

Mais depuis le temps, tu me connais un peu, mon chéri, tu dois bien te douter que les indices les plus minces suffisent à mezig et son cerbère à quatre pattes pour résoudre la plus tordue des enquêtes. Et tu sais quoi, lecteur adoré, une fois de plus, je ne vais pas te décevoir, on va pas tourner du fion pendant douze épisodes, j’ai un métier moi, des femmes qui m’attendent, je ne peux me permettre de perdre mon temps dans ce trou à vieux rats.

Me voilà donc, descendant la rue principale, un short Churchill aux lèvres et M.Grandes z’oreilles à mes basques, sous les regards mauvais des habitants. Au loin, j’aperçois la silhouette ombrageuse du curé de la paroisse. Tel un corbeau boiteux, il traîne sa soutane usée dans une démarche lourde et silencieuse. Sur son nez rougit par trop de vins de messe, des lorgnons minuscules laissent tout juste voir deux petits yeux obséquieux, on dirait un petit rat à lunettes. A observer son crâne, je dirais qu’il y a déjà belle lurette que ses cheveux se sont fait la malle, il ne reste qu’un désert sur lequel plus rien ne poussera jamais plus.

Lorsque j’arrivais presque à sa hauteur, je me pencha vers mon équipier. Le sachant très touché par l’épisode du chien sans tête, je lui répéta de rester en dehors de cela et je le chargea de garder mon cigare. En vrai pro, il se saisit délicatement du churchill et le plaça entre ses incisives, prenant le soin de retrousser tant bien que mal ses lourdes babines afin de ne pas trop le mouiller.

Ainsi libéré, je puis tranquillement aborder l’homme d’église, lequel à mon regard avait déjà compris que j’avais deviné qu’il était le meurtrier du pauvre routard.

Il n’eut pas le temps de réagir, ni de prier quel dieu que ce soit, qu’une demi livre de phalanges s’abattit sur sa face, immédiatement suivit d’un violent coup sur sa nuque. Il chuta sur le trottoir. En un éclair je lui emprisonna les poignées dans une solide paire de bracelets, modèle maison poulaga, celui en acier inoxydable.

En me relavant, je vis les yeux exorbités des habitants, prêts à me découper en morceaux. Comment avais-je pu frappé leur cureton et lui mettre des menottes.

Ni une, ni deux, je récupérais mon cigare de la gueule de mon basset, lequel dans la stupeur totale, lâcha un petit nuage de fumée, cet enfoiré avait quand même tiré dessus – ne soit pas si étonné mon ami, tu le verrais siffler son verre de cognac- … Puis je me retourna vers les vieux qui s’amassaient en nombre autour de moi et d’une voix de ténor, je lança :

  • God is Dead ?

Inutile de traduire, même toi tu as compris, n’est-ce pas ? J’aime autant te dire que ça leur coupa la chique aux vioques.

Et oui, vieux débris, ton curé était aussi curé que moi je suis nonne. La signature du crime ne laissait aucun doute, il s’agissait d’un terrible maniaque qui était en cavale depuis plus de dix ans et qui avait égrené son parcours d’autant de meurtres tous aussi horribles.

La révélation, je l’avais eu la veille et à ce moment là, j’écoutais le dernier album de Black Sabbath. Des papys, toujours vaillants, toujours prompts à en découdre. L’album se nomme 13 et le morceau God is Dead fût celui qui amena l’étincelle dans la résolution de mon enquête.

Vieillards, prenez exemple sur la bande à Ozzy qui à presque soixante dix piges, bande encore, pisse sur les chiffres et les lettres et fait encore des cris de corbeaux chaque fois qu’ils croisent un curé.

Voilà pis c’est tout.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *