Le journal du professeur Blequin (30)

Vendredi 26 janvier

10h : Pathétique. Infantile. Ridicule. Les adjectifs me manquent pour qualifier ce qui s’est passé. Une émeute dans un supermarché pour une promotion sur le Nutella ! Si j’avais dessiné ça pour dénoncer la société de consommation, on m’aurait dit que je poussais trop loin la caricature ! Si encore il s’était agi d’un produit de première nécessité, mais non, même pas ! Ce qu’il y a de plus gras, de plus con, de plus polluant et de moins nourrissant… Quand j’apprends une nouvelle pareille, je repense à cette émissions des Guignols de l’info où l’abominable Monsieur Sylvestre était invité à l’occasion des commémorations de la chute du mur de Berlin ; le businessman y expliquait que l’une des armes du grand capital pour éviter une révolte populaire d’envergure était le régime alimentaire, spécialement conçu pour rendre la population obèse, et il disait notamment (je cite de mémoire) que « les gros lards, tu risques de ne les voir se rebeller que quand il y a pénurie de mayo chez McDo » ! Une fois de plus, la réalité a dépassé la caricature que l’on en fait… Je l’ai dit souvent, mais l’homme occidental est décidément un enfant gâté devenu aveugle.

11h : N’ayant pas d’autre choix pour me sustenter avant d’aller assister à un cours fixé à l’heure de midi, je me rends dans une pizzeria bas de gamme censément ouverte dès 11h. Je dis bien « censément » car même si je peux ouvrir sans me faire jeter dehors, j’ai le net sentiment de gêner la personne de service qui se croit obligée de m’annoncer que le four n’est pas encore allumé et de me demander si je ne suis pas gêné par les scooters qui encombrent encore le local. Je n’en veux cependant pas à ce jeune homme qui ne fait pas un boulot des plus épanouissants, qui plus est dans un local sordide situé dans un quartier qui ne l’est pas moins : je n’étais pas le client-roi face à l’employé-esclave mais bien un laissé-pour-compte du capitalisme face à l’un de ses semblables… J’exagère ? Vous croyez que si je roulais sur l’or, j’irais bouffer dans des pizzerias bas de gamme ?

20h30 : Casting pour l’émission « La France a un incroyable talent » au Breizh Paradise, le cabaret du pays de Brest. Je me suis inscrit à tout hasard, non pas dans l’espoir de passer sur une chaîne pas bien mais  pour tester un sketch. Objectif atteint : je n’ai pas été retenu mais les spectateurs riaient comme des baleines. Il faut croire, en toute modestie, que j’ai un don pour faire rire… J’étais le seul humoriste dans une programmation dominée par les chanteurs et les numéros de cirque parmi lesquels on trouvait notamment une gamine de dix ans qui exécuta un numéro de danse qui n’aurait pas dépareillé dans un show de Shakira et un autre bambin, du même âge, qui faisait des tours de carte et, accessoirement, exprimait des pensées cinglantes qui m’ont fait me demander s’il ne lisait pas de la philo en cachette… Décidément, il n’y a plus d’enfants, ma bonne dame !

L’affiche de mon « one-man-show’ dont j’ai joué un tout petit bout hier soir. Pour plus de détails, cliquer sur ce lien.

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