C’est la fête à Raoul

Au vu de mon âge, je serais plutôt censé aimer les mangas ; au vu de mon niveau d’études, je serais plutôt censé aimer les « romans graphiques ». Mais rien à faire : les deux me font bailler d’ennui et je reste indécrottablement fidèle à la BD franco-belge classique. Par exemple, je ne sais plus si j’ai déjà eu l’occasion de dire à quel point je reste bon client de la bande dessinée Léonard, créée il y a déjà presque cinquante ans par ces deux grands gosses sans malice que sont Turk et Bob De Groot. Malgré ma fidélité à cet amour de jeunesse, je ne suis pourtant pas du genre à sauter sans réfléchir sur la première compilation venue et je préfère attendre patiemment la sortie de l’album que Turk cisèle chaque année. J’ai cependant fait une exception pour celle qui vient de paraître, consacrée à Raoul, le chat qui commente avec fatalisme caustique les déboires de son inventeur de maître.

Depuis que Zidrou a pris en charge les scénarios de la série, le félin a été quelque peu éclipsé par Mozzarella, la fille adoptive de Léonard, qui joue un rôle de garde-fou quand son génie de papa dépasse les bornes. Pourtant, il faut rappeler l’importance de Raoul Chatigré au sein de la série : loin de se borner à un rôle de commentateur cynique, le chat est un personnage à part entière, au caractère fortement typé. Tout l’intérêt de cette compilation est d’ailleurs là : d’aucuns se demanderont pourquoi telle histoire a été retenue plutôt qu’une autre, ce qui est la limite de tout « best of » mais, en fin de comte, cet album permet de bien cerner la personnalité de Raoul.

Alors que dire ? Raoul est un chat intelligent, qui sait lire, parler et marcher sur deux pattes mais ne voit pas dans le noir, ce qui suffit à le rendre hautement atypique. Très gourmand, légèrement vaniteux, plutôt détendu la plupart du temps et à la limite de la paresse, il est cependant plus sportif qu’il n’en a l’air et, face au danger, il vend chèrement sa peau, recourant éventuellement à la ruse pour peu que l’adversaire soit le plus fort. Car il ne se laisse guère faire et se révèle même soupe au lait pour peu qu’on remette en cause son idéal de vie, fondé sur le farniente et la bonne chère : seule son amie la souris Bernadette parvient à le mener par le bout du nez, confirmant encore à quel point le sexe dit « faible » mérite mal ce fâcheux épithète… Bref, un personnage riche et attachant qui mériterait presque sa propre série ! A défaut, on se contentera de cette compilation en espérant qu’une autre suivra…

Je me devais de dire tout ça en ce jour de la saint-Raoul. Bonne fête à toi, mon gros matou ! Et plein de gros bisous sur ton pelage roux à rayures que nous rêvons tous de grattouiller !

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